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Créer un cercle d'apprentissage

 

Dynamiser un groupe

 

Il ne suffit pas de mettre ensemble des personnes pour qu'elles créent un Cercle dynamique de co-création.  Comment faire pour qu'elles se rassemblent pour devenir un "corps vivant" et agile ? 

La clef est la dynamique de groupe. Comment la faire émerger ? Comment la stimuler ? Comment la réactiver?  Comment se passe t-elle dans un cercle d'apprentissage ?

 

Proposer et poser le cadre

Le cadre rassure car il pose des limites, il oriente une direction générale mais sans pour autant être prescriptif dans les détails. Mais parce que le cadre est ouvert il est deformable, appropriable, et in fine approprié . C'est l'idée de la "Liberté pour apprendre" chère à Carl Rogers. Le cadre est moins une série d'objectifs à atteindre visant des transformations comportementales et plus une intention à partager ensemble, un espace d'apprentissage à occuper. Ce qui est contenant est moins le programme ou l'animateur que l'intention à négocier ensemble. Il existe bien des textes de référence ou un site en ligne pour guider, mais il s'agit plus de matériaux, de points d'appui. Le cadre est aussi constitué d'un flux d'interactions entre les membres duquel finit de se dégager une forme dessinée par tous et non par un seul. À ces conditions les entrées et sorties des membres participent du processus de respiration et de vie. Chacun apporte ce qu'il est, il apprend à ce que ses désirs soient contenus et régulés par ceux des autres. Ce cadre est ouvert vivant et évolutif.

 

" Dynamique d'un cercle d'apprentissage et formes de ses interactions "

Cette expérience (toujours en cours) au moment où nous nous lançons dans ce Sprintbook, prend de nombreuses formes. Nous en retracerons donc ici, probablement, les points qui nous apparaissent majeurs. Nous posons aussi en préalable qu'ils ne seront pas exhaustifs.

Proposer l'initation d'un Cercle d'apprentissage, nous le pensons comme proposer un cadre à l'intérieur duquel une liberté suffisante laisse la place à l'émergence d'intiatives, d'actions, de méthodes etc.

Poser un cadre, comme pour un tableau, c'est poser des bords. .. des bords contre lesquels ses membres vont pouvoir s'appuyer, des bords qui vont contenir, des bords qui vont rassurer...

Force est de constater que, particulièrement en Saison I, nos bords sont à la fois présents, mais en même temps perméables. 
Concrètement, cela se traduit avec, par exemple à Paris où 4 groupes existent, l'idée que chacun peut "butiner" d'un groupe à l'autre... se nourrir dans des groupes différents tout en contribuant à l'essaimage des idées, des expériences, dans les autres groupes. Chaque groupe a ainsi son noyau, et peut avoir ses butineurs. Pour les groupes où cela existe, c'est enrichissant. Pour cette "abeille" qui butine c'est nourrissant. Pour la démarche globale de cercle apprenant c'est ...ant.

"Proposer un cadre", cela sous-tend également, se poser des questions des garants du cadre. En effet, l'exercice peut parfois s'avérer délicat pour ces cautions, lorsqu'il s'agit à la fois de le garantir, tout en y laissant un haut niveau de liberté à l'intérieur. Et pourtant, ce bord, ce cadre ne peut jouer son rôle rassurant, que si les participants ont un minimum de certitudes qu'en cas d'irrespect malmenant du cadre ces garants agissent...
Pour illustrer ceci, nous reprendrons une situation, complexe à gérer pour les "garants naturels" de la Saison I quand un membre du groupe élargi est venu polluer les échanges du groupe Linkedin, via des remarques trop critiques pour être constructives... Alors que nous sommes sur un parti pris de responsabilisation de tous les membres, des interrogations sur cette garantie du cadre, ont dû se poser.


La posture individuelle de l'empathie

L'empathie et son apprentissage sont à la fois une condition de réussite et une intention générale. Mais s'il est facile d'aimer les textes de Mathieu Ricard le fameux moine bouddhiste sur l'altérité et la compassion, la mise en œuvre effective de nouveaux comportements est bien difficile. Le Cercle constitue à cet égard un espace protégé ou expérimenter cette posture. En effet, si l'on ne connaît pas bien les participants présents, s'ils ont tous des motivations très différentes ils ont malgré tout des ressemblances qui facilitent un premier pas vers l'empathie. L'empathie est différenté de la compassion l'altérité ou la contagion émotionnelle c'est une façon de se mettre à la place de l'autre et d'éprouver ses émotions, ses ressentis, voire ses croyances, de les accueillir sans se fondre dedans. Lorsque le mot a été utilisé la première fous au XIXeme siècle par Vischer un philosophe allemand c'était pour désigner la proximité de ressentis esthétiques entre un observateur et l'artiste qui avait composé  une œuvre via la lecture de cette œuvre. Avant la distance était moins marquée et le mot sympathie était utilisé. Une attitude empathique passe par la reconnaissance d'une différence entre soi et l'autre et l'objet qui les réunit et par une prise de conscience pour certains ou un accueil inconditionnel pour d'autres de ces différence. L'expérience de l'attitude empathpique facilite la sortie de la peur de la rencontre et libéré son potentiel de découverte et d'accueil d'autres différents de soi. Faire grandir cette posture passe par l'hospitalité de l'autre et de ses idées par une écoute non jugeante de ce qu'il est et de ce qu'il a à dire.

La posture du groupe - Créer de l'adhésion, engager ou la pensée de groupe VS pensée de Cercle

Techniques d'évitement de la pensée de groupe :

  • Déléguer le rôle de responsabilité et d’autorité de la prise de décision finale à une ou un petit groupe de personnes
  • Faire tourner le rôle de responsabilité et d'autorité
  • Organiser une modalité de pensée latérale : de manière aléatoire et tournante, une personne a le rôle d'opposition / de protestation à chaque proposition afin de faciliter la confrontation et la discussion.
  • Ou bien pour la modalité de pensée latérale : le groupe entier procède à l'évaluation d'une situation, d'une idée, en adoptant successivement les positions suivantes : adoption de la règle, protestation, perception du ressenti, engouement, perspectives
  • Mettre à disposition un moyen anonyme d'évaluation afin de permettre l'expression individuelle de manière sécurisée.
  • Diviser le groupe et confronter ensuite les résultats des équipes pour recréer de l'émulation et de la créativité, soit sur des cas identiques ou distincts.

éviter l'esprit de groupe

illustration : Frédéric DURIEZ

 Techniques de développement de la pensée de cercle qui n'est jamais une pensée circulaire fermée sur elle-même

  • Initier /maintenir/ laisser mourir une dynamique, pour laisser la place à une autre
  • A l'intérieur d'un groupe laisser chacun s'exprimer à équité de temps de parole
  • Entre les groupes faire circuler les productions
  • Dynamiser les différents groupes par la coordination des facilitateurs
  • Former une locomotive (saison 1/saison 2), une équipe très impliquée pour le collectif
  • Mettre du liant par une base d'informations partagées en ligne
  • Leadership partagé et présence en ligne du groupe continue dans une logique de "flow" il se passe toujours quelque chose quelque part

 De toutes ces approches, de développement de la pensée d'un cercle, c'est certainement celle relative au flow développée par Csikszentmihalyi (1996) qui est la plus importante. Elle postule une continuité des évènements et des interactions humaines qui produisent de l'engagement. Chacun se fait passeur pour l'autre, d'une idée, d'une action, d'une réalisation. L'énergie du groupe et des cercles et de la communauté toute entière est un flambeau qui se passe de l'un à l'autre et qui perdure et que personne n'a envie de voir s'arrêter.

Les phases du processus de dynamisation

Deux façons apparaissent de dynamiser un groupe

- L'usage des réseaux sociaux : les réseaux sociaux permettent de créer de l'émulation, de préparer les rencontres, de "tater un peu le terrain", de s'acclimater aux idées qui vont être partagées et aux personnes qui vont être rencontrées. Il constitue un  terreau favorable une accoutumance à la présence de l'autre avant même que la rencontre ait lieu. c'est un préalable puis ensuite un soutien en cas d'absence à une réunion.

- La vie d'un groupe pour lui-même : la vie du groupe, son auto-organisation, le saisissement du groupe par lui-même pour lui-même, sont des phases pleines d'incertitudes, chacun a le loisir de s'investir de prendre un rôle, d'avoir le sentiment de participer à quelque chose ou tout n'est pas joué d'avance




Photo d'un Cercle de Paris
 

Les étapes d'implication d'un groupe

Un individu s'implique dans un groupe quand il perçoit que son apport singulier est pris en compte. Un groupe soutient une initiative d'un des participants quand il perçoit qu'elle permet au groupe de progresser. Individu et groupe grandissent mutuellement quand les rythmes s´accordent . Pour qu'un groupe s'implique  , il convient donc que des initiatives individuelles soient prises qu'elles apportent un surplus de compréhension à la situation vécue ou un supplément de pouvoir d'agir de chacun. Les premières initiatives sont souvent celles qui rassurent tout le monde sur çe que l'on fait ensemble les deux initiatives suivantes s'intéressent à la tâche et à la façon de s'organiser pour la résoudre. Ce ne sont pas forcément les mêmes personnes qui ont les actes de leadership appropriés selon ces phases. Ce qui est important c'est qu'un leadership se mette en place permettant d'entraîner progressivement chacun.  Le leadership est comme l'électricité dans une pièce. Il est présent en chacun mais on ne le voit pas sauf quand une ampoule s'allume . Toutes opportunités de faire émerger les idées contribue à créer une occasion de leadership et de prise d'initiative. C'est l'idée d'un leadership partagé proposee par Edith Luc (2004).
 
 

La méthode ICO

Pour William Schutz (1989) une personne a la nécessité d'établir et de maintenir avec son environnement humain, une relation satisfaisante. Il a pour cela trois besoins à satisfaire qui  sont : l'inclusion dans des groupes humains, le contrôle du cours de sa vie, et le besoin d'affection. Ces besoins se retrouven dans les temps :

- d'Inclusion

- de Contrôle

- d'Ouverture

Ce rappel est intégré dans un cercle par des temps et des questions associées à chaque temps : d'introduction (qu'est ce qui va se passer?), d'inclusion (quel va être mon rôle?), de contrôle (quels vont être les incidences pour moi des activités engagées?), d'ouverture (que vais je découvrir que je connaissais pas?), de contrôle (a t-on progressé ensemble?), déclusion (En quel état nous séparons nous?), conclusion (Quel est le prochain pas?).

 

Les étapes du cycle de vie d'un groupe

La vie des groupes humains obéirait à des cycles naissance, maturité, séparation et nouveau cycle. 

 Il s'agirait de rythmes organiques vivants. Les groupes ont été étudiés par les psychosociologues (Lewin, 1951), par les psychanalystes (Anzieu, Martin 1968), par les professionnels du développement personnel (Rogers, 1961), par les sociologue, par les professionnels de la formation (Belbin, 2011) de la résolutionde problème (Morel, 2014) ou du marketing, de la gouvernance humaine (voir la sociocratie de Gilles Charest, 2007) ou encore ceux du soin. Il en a résulté des sommes de connaissances ds dizaines de   handbooks qui décrivent de multiples façons d'interagir ensemble et une variété de protocoles (groupe de parole, groupe de co développement professionnel, training group , groupe de rencontre etc.) (Cristol, 2017)

Le groupe étant une entité vivante complexe, c'est à dire dont le tout a un potentiel plus grand que la somme des parties, il est intéressant de le regarder avec les yeux d'un écologiste. Le groupe est à la fois ouvert et  intriqué à l'environnement qui l'abrite. Aussi toute tentative de découper un  phénomène pour le caractériser en reduit la richesse. Ne regarder que le leadership, ou l'émergence de la cohésion, les conflits intra groupe ou tout autre réaction en son sein   empêche de le voir vivant . ce qui caractérise la vie  c'est la perpétuelle adaptation, la résilience aux épreuves les germinations ou bourgeons les racines et radicelles dont chaque membre est un porteur vivant. Le groupe vivant est fait de bifurcations, de choix d'initiative. Il se projette dans l'avenir guidée par l'intention initiale qui est perpétuellement réévaluée au regard de ce qu'elle permet au collectif d'atteindre.

 

Points de vigilance

Les huit symptômes de la pensée de groupe (GroupThing - Irvin Lester Janis, 1972):

  • L'illusion de l'invulnérabilité : lorsque les groupes se croient intouchables, ils ont tendance à réprimer la dissidence ;
  • La rationalisation : un groupe est plus soudé lorsqu'il justifie collectivement ses actions ;
  • La croyance en la supériorité morale du groupe : lorsqu'un groupe pense qu’il est moral, il a tendance à ignorer sa propre immoralité ;
  • La transformation de l'opposant en stéréotype : lorsqu'un opposant est considéré avec partialité ou avec des préjugés, les affirmations qui contredisent les convictions du groupe sont ignorées ;
  • La pression de la conformité : une forte pression est exercée sur les individus pour qu’ils s’alignent sur la volonté du groupe et pour qu'ils ne soient pas en désaccord avec lui, sinon ils sont ostracisés, c'est-à-dire écartés des débats, voire sanctionnés ou expulsés ;
  • L’autocensure : les membres du groupe préfèrent garder leurs opinions divergentes pour eux, plutôt que de déserter le navire ;
  • L’illusion de l’unanimité : les dissensions internes sont cachées au groupe. Ainsi, elles semblent inexistantes ;
  • Les gardiens de la pensée : certains membres du groupe s'engagent activement à protéger le groupe de toute dissidence ou information contraire.

Veiller à favoriser la capacité et de la liberté d'expression des modalités choisies pour éviter ou limiter la pensée de groupe dysfonctionnelle.

 

Expériences

Saison I organisateurs / facilitateurs/ participants/ public

Dynamiser un groupe dans la saison I est passé par plusieurs formes. Tout d'abord par la facilitation et la co-facilitation (deux animateurs par séance), des temps et des thèmes préparés à l'avance, des regards de côté sur ce que faisaient les groupes distants, par le moyen de vidéos croisées, de partage de document en ligne, ou encore de visites physiques de membres dans les différents groupes. Des groupes se sont aussi spécialisés, équipe d'organisation (design team), équipe des facilitateurs, différents cercles internationaux en ligne ou en proximité physique. Une news letter générale et l'alimentation d'un forum linkedin pour que chacun ait une vue d'ensemble.

Saison II organisateurs/sponsors/défis/participants/ public 

 La dynamisation des groupes passe par le moteur de l'envie de combiner plaisir d'apprendre dans un cadre libéré et possibilité de réinvestir dans son champ professionnel. En fonction des compétences et besoins de chacun des collectifs se mettent en place pour organiser la communication du hackathon, gérer et stimuler les sponsors, administrer et gérer les statuts et les fonds d'une association en construction, organiser un "sprintbook" pour rédiger un livre collaboratif. Un site en ligne et un fil twitter pour que chacun soit informé. Un réseau slack pour coordonner rapidement l'action des groupes.

Perspectives 

Si le groupe est bien une entité vivante qui réchauffe le cœur de chacun et élargit les potentiels d'action, s'il permet bien de protéger ses membres de les rendre plus confiants en eux et en leur potentie, Alors il est un espace où aimer, rire, danser, chanter, boire et manger ensemble. Le avec qui j'agis aura plus d'importance que des objectifs précis à atteindre, des techniques de groupe ou des méthodes , il permettra de s'attacher à des pourquoi qui valent vraiment et d'apprendre ensemble pour résoudre des problèmes de ce monde.

Sources et liens 

La pensée de groupe - Wikipédia - https://fr.wikipedia.org/wiki/Pensée_de_groupe

Anzieu, D., & Martin, J. Y. (1968). La dynamique des groupes restreints.
 
Csikszentmihalyi, M. (1996). Flow and the psychology of discovery and invention. New York: Harper Collins.
 
Meredith Belbin, R. (2011). Management teams: Why they succeed or fail. Human Resource Management International Digest, 19(3).

Charest, G. (2007). La démocratie se meurt, vive la sociocratie. Centro Esserci.

Cristol, D. (2017). Les communautés d’apprentissage: apprendre ensemble. Savoirs, (1), 10-55.

Janis, I. L. (1972). Victims of groupthink: a psychological study of foreign-policy decisions and fiascoes.

Lewin, K. (1951). Field theory in social science.

Luc, E. (2004). Le leadership partagé: modèle d'apprentissage et d'actualisation. PUM.

Morel, C. (2014). Les décisions absurdes (Vol. 1). Editions Gallimard.

Rogers, C. R. (1961). On becoming a person, a therapist's view of psychotherapy.

Schutz, W. (1989). Fundamental interpersonal relations orientation—Behavior.


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