Sites


Créer un cercle d'apprentissage

S'engager en tant que personne


"La définition du “don”... C’est à la fois un acte et un lien social par lequel le bonheur personnel passe par le bonheur des autres. Ainsi, donner, recevoir et rendre par le “potlatch” (amérindien) de Mauss, qui est “le contre-don”, correspondent à un enchaînement d’affect qui sont l’empathie, la réciprocité et l’altérité. Le sort des générations futures dépendent de nos actes et le lien social est un facteur déterminant de nos qualité de vie, dixit Matthieu Ricard."

Virginie Guignard Legros - Thot Cursus

 

Que signifie cet engagement en tant que "personne"?

L'engagement en tant que personne n'est pas du bénévolat, il ne sert pas une cause. Ce n'est pas non plus de mécénat : chacun apprend pour soi autant qu'il apprend avec les autres. Il ne s'agit pas non plus de militantisme, il n'y a pas de grand soir à attendre, ni de cause en toile de fond.

S'engager en tant que personne, c'est donner à un collectif pour faire grandir le bien commun. C'est le cycle don/contre-don qui s'engage, comme le décrit le sociologue Marcel Mauss (1923) : chacun consent à donner, et espère un retour qui viendra peut-être à l'occasion des activités décidées et réalisées ensemble, ou bien à une autre occasion, un autre temps, un autre moment. Chacun, s'il sait ce qu'il donne et quand il le donne, ne sait pas ce qu'il va recevoir. La prise de risque et la réalisation d'un bénéfice sont très incertains, ce qui provoque une incertitude mais aussi une tension, tout n'est pas écrit par avance  : que vais-je apprendre ?  De quoi vais-je me nourrir ?

 

Pourquoi faire cet investissement ? Quels bénéfices pour soi, pour les autres, pour la société?

Si nous reprenons les principes de la motivation, les bénéfices concernent la sécurité, l'accomplissement, l'estime de soi, le besoin d'appartenance, de créativité, de structure.

L'engagement en tant que personne renvoie au sentiment d'appartenance et de réalisation de chacun  :

- le plaisir d'apprendre avec d'autres,

- l'envie de partager leur savoir, leur maîtrise des techniques numériques,

- le temps de soufller quand tout va trop vite et de comprendre ce qui affecte notre monde,

- la possibilité de créer un espace non contraint sur lequel il est possible d'avoir une prise et de donner sa propre impulsion,

- le plaisir de réussir à plusieurs ce qu'il aurait été impossible de mener à bien seul,

- l'agrandissement de son pouvoir d'agir.

Les bénévoles sont aussi animé.e.s par un souci de visibilité (hors ou dans le champ professionnel), pour développer des compétences, pour étoffer leur notoriété, pour développer de nouvelles relations ou encore pour s'occuper.

 

Quel est l'investissement à prévoir ?

Le temps à consacrer est variable selon que le participant est membre d'une design team (création du site, alimentation en post, newsletter, coordination et régulation,  facilitateur (animation d'un groupe, organisation des rencontres, partage des compte-rendus), co-facilitateur d'un groupe,  membre (participation aux réunions, préparation des apprentissages),  responsable support et administration  (gestion du site, administration, accueil des nouveaux membres, tenue à jour des listes de participants, diffusion d'informations),...

Apprendre en ligne et avec les autres, se documenter, expérimenter ce qu'on a appris dans sa vie personnelle ou professionnelle, partager avec des acteurs hors contexte de travail, ... sont des activités qui elles aussi supposent de consacrer un peu de temps.

Prévoir du temps de préparation, en action, en post-production pour agir et pour apprendre, pour transmettre.

 

Quel réseau ou cercle d'apprentissage choisir ?

Qu'est-ce qui fait qu'une personne choisira un réseau plutôt qu'un autre ? Plusieurs critères peuvent entrer en jeu et se combiner : la notoriété du réseau, les cooptations, les possiblités d'expression, les valeurs,... C'est probablement parce qu'il s'y trouvent des amis ou des confrères qu'on estime, croisés lors d'autres activités, c'est aussi souvent via une recommandation que les participants se dirigent vers un réseau d'apprentissage. La réputation croît par les témoignages en ligne ou verbaux. Le croisement de réseaux et les avis cumulés de plusieurs personnes finissent par donner envie de s'approcher d'un collectif même flou pour se faire une idée, sentir ce qu'il y a de différent dans des façons d'apprendre libres de contraintes.

 

Exemples méthodologiques

Décryptons quelques liens entre les membres du Cercle Apprendre Ensemble, qui ont été à l'origine de l'adhésion initiale : les écoles d'appartenance (école doctorale en sciences de l'éducation), la fréquentation d'un même réseau social (Linkedin) ou d'un même MOOC (Gestion de projet), la participation à un collectif (le collectif des Miss sur Twitter), la participation de multiples points de veille et d'information dans l'enseignement, l'éducation et la recherche,... Le mécanisme fonctionne à l'égal des phéromones des fourmis qui indiquent une piste convergente. Les passages les plus empruntés finissent par constituer un chemin balisé pour tous.

 

Points de vigilance

Les organisateurs-animateurs du Cercle d'Apprentissage doivent éviter quelques écueils :

  • croire que tous les membres sont animés par le principe du don, du bénévolat. Il faut prévoir des moyens d'évaluer les motivations fréquemment car les motivations évoluent, s'intéresser aux manières de satisfaire ces motivations si elles correspondent à l'intention et à la charte du Cercle d'Apprentissage, et prévoir de se séparer de certains membres le cas échéant,
  • s'entêter à retenir des membres sur le départ,
  • supposer que le "silence" équivaut toujours à un désintérêt : ce n'est pas toujours le cas,
  • supposer que la contradiction équivaut à un obstacle. Cette divergence représente en général la manifestation d'un intérêt à ce qui est proposé ainsi qu'une attente précise,
  • composer avec les notions de complexité, volatilité, incertitude qui ne sont pas présents dans les cursus universitaires, mais qui relèvent de l'expérimentation.

Pour les "membres", les erreurs à ne pas commettre seraient de :

  • s'épuiser sur une initiative qui ne prend pas et considérer que c'est de son seul fait,
  • ne pas oser prendre la parole pour faire entendre sa voix,
  • ne pas oser demander de l'aide quand une situation en présentiel ou à distance est incomprise ou insatisfaisante

Pour aller plus loin, voir notamment les articles "Soutenir les motivations collectives" et "encourager les motivations individuelles".

 

Sources et liens

Virginie Guignard Legros : Le don et le contre don : mouvement de civilisation au Japon - Thot Cursus (2017)

Marcel Mauss : Essai sur le don forme et raison de l'échange dans les sociétés archaïques. L’Année sociologique (1923)(1896/1897-1924/1925), 1, 30-186 - WIKIPEDIA

Il y a une erreur de communication avec le serveur Booktype. Nous ne savons pas actuellement où est le problème.

Vous devriez rafraîchir la page.