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Créer un cercle d'apprentissage

S'intégrer dans un contexte social général

 

"La seule voie qui offre quelque espoir d’un avenir meilleur pour toute l’humanité est celle de la coopération et du partenariat. "

Kofi Annan, dans un discours à l’Assemblée Générale de l’ONU, le 24 septembre 2001.

 

Un changement de paradigme socio-économique 

L'émergence des cercles d'apprentissage s'inscrit dans un mouvement sociétal global : un mouvement tourné vers la collaboration plutôt que la concurrence, le partage plutôt que l'accumulation privée, l'intelligence collective plutôt que le pouvoir hiérarchique. 
 
Cette société collaborative, selon Anne-Sophie Nouvel et Stéphane Riot (Nouvel, Riot, 2012), "nous apprend à écouter, expliquer et coopérer. C’est une société empathique, qui part de l’humain, des aspirations profondes et permet de mieux nous connaître, collectivement et individuellement. Une société vivante qui se nourrit de la collaboration entre ses citoyens, où l’intérêt matériel est remplacé par un intérêt relationnel. Une société collaborative, c’est une société naturelle et organique, une société avec et non contre". 
 
Antonin Léonard, cofondateur de OuiShare, présente ainsi ce nouveau modèle : "Ce qu’on appelle aujourd’hui “économie collaborative” est un concept protéiforme. Ses segments les plus visibles sont la consommation collaborative, la production contributive, le financement participatif ou encore le “savoir libre”, ainsi que les applications civiques s’appuyant sur le crowdsourcing citoyen."
 
Ce mouvement du "co-" prend de multiples formes, selon (Botsman, Rogers, 2010) :"des nouveaux modes de consommation privilégiant le lien social entre les consommateurs, et entre consommateurs-fournisseurs apparaissent, avec un "co-" prédominant : co-voiturage, co-working, co-apprentissage, via les technologies et les communautés de pairs". 

Les cercles d'apprentissage s'inscrivent dans cet esprit. Selon Antonin Léonard, "Le partage de la connaissance est le ciment de l’économie collaborative. Ses pratiques et ses outils permettent à tous ces modèles de se développer beaucoup plus rapidement (ne serait-ce que par l’influence du logiciel libre), mais aussi d’inventer de nouveaux modèles d’organisation dans des domaines comme la recherche (ex: HackYourPhd), le juridique (ex: ShareLex) ou encore la politique (ex: Démocratie Ouverte qui permet aux parlementaires de co-concevoir les propositions de lois avec leurs concitoyens)".

 

Des postures qui évoluent

Les cercles d'apprentissage mettent aussi en avant l'importance du "groupe de pairs", faisant disparaître les rapports hiérarchiques et mobilisant les ressources collectives pour une autre façon d'apprendre.

Les positions et les rôles se transforment : nous voyons apparaître ou bien prendre de l'ampleur des modèles de management où les managers deviennent sponsors, au sens promoteurs, plutôt que commanditaires. Exemple, le "Management libéré" (Isaac Getz, ....). Ainsi, la pyramide se transforme en ligne horizontale, elle se fait réseau et cercle !

Illustration Frédéric Duriez 2017

 

Il faut reconnaitre que ce mouvement de "co-apprentissage" n'est pas complètement nouveau, si l'on pense au compagnonnage et aux groupes de pairs.

Quatre tendances sont à l'origine de ce basculement vers une économie entre pairs, selon Sundararajan (2014) :

"Les innovations sont maintenant davantage la résultante d'un intérêt pour :

  • les besoins des consommateurs plutôt que des politiques ou des producteurs (téléphonie, médias sociaux, etc).

  • les attitudes envers ces innovations numériques, dont la confiance, grâce à la mise en place de dispositifs garantissant la sécurité (évaluations, recommandations, comme pour l'hôtellerie et la restauration),

  • l'accroissement de la population urbaine réduit le nombre de ressources disponibles selon l'ancien modèle (j'achète, je consomme partiellement, je me débarrasse de l'ensemble qui ne sert alors à personne),

  • la conscience de l'impact de son style de vie sur l'environnement et le lieu de vie".

Bien entendu, ces nouveaux modèles influencent les modalités d'apprentissage.

 

L'ère des makers et du co-design 

Concomitamment à la participation des usagers et des consommateurs aux services et aux produits, dans une démarche participative et de "maitrise d'usage" (Philippe Carré, 2010), les fablabs, les espaces d'innovation collaboratifs, accueillent aujourd'hui citoyens, entreprises, collectifs, usagers pour co-designer de nouvelles formes de travail et "d'apprendre ensemble". C'est le cas en particulier de l'espace Okoni qui a hébergé notre projet d'écriture.

 

Illustration Frédéric Duriez 2017

 

Les points forts

Nous constatons l'efficacité des notations et commentaires entre pairs (MOOC, par exemple : les évaluations sont analogues à celles effectuées par les enseignants et correcteurs professionnels). Cela fait référence à la FOAD (Formation Ouverte et A Distance). Le cercle d'apprentissage est un moyen de renforcer la valeur des savoirs de chacun, en s'appuyant sur les utilisations passées et potentielles de ces savoirs

 

 Les perspectives

Le numérique est un moyen de diffusion des savoirs qui permet d'élargir le nombre de bénéficiaires. Il reste encore à s'inspirer des autres modèles de consommation collaborative (indiquée par OuiShare) : financement, production, consommation. Dans un environnement économique et social qui valorise maintenant la créativité et l'innovation, les cercles d'apprentissages spontanés ont leur place. Il est pertinent de la part des instances gouvernantes politiques et économiques de favoriser les conditions d'émergence et d'accompagnement de ces espaces. Les cercles d'apprentissages participent activement à l'implication de ses acteurs dans la vie sociale. Les cercles d'apprentissage encouragent les personnes à aborder les nouveautés de manière sécurisante.

 

 Les points de vigilance

Le risque de rester dans une boucle et un enfermement du savoir si les groupes de pairs ne se renouvellent pas. Que se passera-t-il au moment de l'épuisement de l'utilisation des ressources ? Le savoir risque de (re)devenir un objet de consommation (ex. les personnes s'inscrivant aux MOOC pour "rafler" les contenus sans les utiliser plus tard, ni s'engager réellement dans la formation, ni collaborer, ni aller au terme du parcours). Un partage inéquitable entre les producteurs et les consommateurs de savoirs (ex. dans le cas de l'open innovation, de l'open knowledge) où la valorisation basculerait du côté des consommateurs.

 

Sources et liens

Kofi Annan, dans son discours à l’Assemblée Générale de l’ONU, le 24 septembre 2001 http://www.un.org/press/fr/2001/SGSM7965.doc.htm

Anne-Sophie NovelStéphane Riot (2012). Vive la corévolution!Pour une société collaborative. Alternatives éditions.

Antonin Léonard, cofondateur de OuiShare interviewé par https://viuz.com le 26 août 2013 - https://viuz.com/2013/08/26/interview-antonin-leonard-ouishare-leconomie-collaborative-est-avant-tout-une-question-culturelle/

Rachel Botsman and Roo Rogers - Consommation collaborative - What's mine is yours : how collaborative consumption is changing the way we live (2011)- https://fr.wikipedia.org/wiki/Consommation_collaborative

Isaac Getz, & Brian M. Carney - Liberté & Cie : Quand la liberté des salariés fait le bonheur des entreprises - Fayard (2012)

Arun Sundararajan - Peer-to-peer businesses and the sharing (collaborative) economy: Overview, economic effects and regulatory issues (2014) 

Philippe Carré - La maîtrise d'usage: une notion d'avenir pour l'ingénierie pédagogique. Cahiers de l'École doctorale 139, Université Paris Ouest-Nanterre La Défense, 43-51 (2010)

Michel Lallement - L’Âge du faire. Hacking, travail, anarchie, Paris : Le Seuil, 446 p. (2015)

Illustrations Frédéric Duriez - LinkedIn

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