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Fablab, Hackerspace, les lieux de fabrication numérique collaboratif

En France

Ce mouvement, même s'il a été fortement formalisé par le MIT, a pris forme dans divers pays. Il serait impossible de faire un inventaire exhaustif tant les influences sont nombreuses, imbriquées.

Nous avons cependant tenté de retracer les différentes phases ayant conduit, pour la France en particulier, à la situation actuelle.

Les origines

L'origine est difficile à cerner car diffuse dans des évolutions de pratiques diverses qui peu à peu s’agglomèrent et conduisent à une situation en résonance particulière avec son époque.

Sur les épaules de géants

La "révolution" est en fait plutôt une évolution, car il est impossible de balayer d'un revers de manche l'historique qui permet de tenir ces propos : les passionnés de bricolage et leurs publications papier, les clubs de modélistes, d'artisanat, les radioamateurs et même les mouvances radio libres sont autant d'inspiration qui conduisent "naturellement" au Fablab. Le modèle fourni par ces expériences réussies appelle des continuations soit par des évolutions internes soit par l'arrivée de nouvelles volontés.

Une proximité associative

Canal B par exemple, apparue sur Rennes en 1984, est la première radio libre à faire de la diffusion stéréo sur lien IP entre ses studios et l’émetteur hertzien situé dans un château d'eau. Autre exemple de cette proximité avec la radio Divergence FM sur Montpellier, qui s'implique et relaie les événements issus des mouvances du Logiciel Libre, comme les RMLL, Rencontres Mondiales du Logiciel Libre depuis l'année 2000.

Les mouvements d'éducation populaire (Planète Sciences, Les petits débrouillards...) ont également largement précédé le mouvement actuel de fabrication numérique collaboratif.

Dans les deux cas, il s'agit de personnes passionnées s'impliquant fortement pour fournir des services à la population dans le but d'aider ou de donner un autre regard.

L'apport du Libre

L'apport du Libre dans cette culture est indéniable. Son ouverture tout autant que sa gratuité souvent constatée, a permis à une multitude de personnes de s'approprier et de développer des outils propres à leurs besoins et souvent, de ce fait, proche de leur logique métier. Il est à peu près possible de tout faire aujourd'hui à l'aide d'un environnement libre (et pas forcément gratuit).

On pourrait presque dire que le libre a fourni au bricoleur les outils pour devenir bricodeur à son tour.
Il impacte et s’immisce dans une multitude de corps de métier comme dans les métiers de la création graphique ou du web et de l'édition électronique (logiciels Apache, PHP, éditeur SVG Inkscape).
Les années 1990 et suivantes voient en effet émerger une multitude d'associations qui organisent des conférences, symposiums, salons dédiés aux entreprises comme Solutions Linux, meetings, journées comme les journées du libre, rencontres ou autres camps autour du Libre tel les RMLL déjà citées dans lesquels ont eu lieu chaque année des ateliers de fabrication électronique. C'est aussi le lieu des discussions sur les enjeux techniques, de ses aspects légaux, des impacts sociaux et des questionnements politiques soulevés. Dans les années 2000, certaines associations promeuvent un langage de programmation comme python, d'autres des méthodes de travail collaboratif, certains des outils logiciels ou encore des techniques de sécurité. Les infos sont déjà relayées sur le web http://linuxfr.org/ ou en version papier dans des magazines dédiés comme Linux Mag, décliné selon des niveaux et des publics divers. 

L'effervescence et la diversité

Cette effervescence est l'œuvre de centaines de participants qui font la richesse des GULs (Groupes d'Utilisateurs Linux). Les événements autour de cette culture ne se contentent pas d'aborder les sujets techniques. Les problématiques environnementales, les enjeux politiques et sociaux autour des nouvelles technologies et de leurs usages y sont souvent et largement abordés. C'est même parfois l'objet d'un thème de rencontre (exemple, estives numériques, padolou).

Des associations comme l'April ou La Quadrature du Net, des sites comme framasoft ou reflets se font échos des diverses problématiques abordées et défendent activement la neutralité des outils et la promotion des usages créateurs et créatifs en évitant que des opérateurs privés s'approprient leur exploitation de manière à laisser à chacun sa liberté d'expérimenter et de s'exprimer.

Du garage aux institutions

Suite logique, apparaît l'époque des Hackatons. À la frontière de la théorie et de la pratique, de la sécurité et de la vie privée des usagés, les conférences  se font souvent ateliers et deviennent des rendez-vous récurrents. Des temps de rencontre comme le SSTIC , le Fossa, alchimie, La Toulouse Hacker Space Factory du tétalab ou le hackito ergo sum du tmp/lab sont reconnus par leurs pairs grâce à la qualité de leur programmation et mélangent parfois les genres, à la frontière du numérique et du "monde réel".

Dans le même temps (rappelons-le, les frontières sont souvent floues), apparaissent les premières structures commerciales et institutionnelles. Des initiatives telles que la FING (Fondation Internet Nouvelle Génération), le Silicone Sentier et la Cantine Numérique et des événements comme http://www.passageenseine.org/, l'Open World Forum ou le LIFT Marseille contribuent à diffuser cette culture et ses outils auprès des institutionnels ou des partenaires financiers.
Forte de cette mouvance et grâce au formalisme établi par le MIT, des centres sur le même modèle peuvent être soutenus par les institutions. Artilect voit le jour à Toulouse en 2008 comme le premier Fablab respectant la charte MIT. Depuis, d'autres ont suivi.

Phase de prolifération actuelle.

Les événements intégrant cette culture sont de plus en plus nombreux en France, et de plus en plus familiaux (Open Bidouille, Estives numériques et Jardin Numérique, Maker Faire, etc.). On voit même des webzines apparaître tel que Fait Main.

Des PME apparaissent : SmoothieBoard, Snootlab, Hackable-devices ou Ckab, le Fabshop, Usine.io.
Le réseau des cantines numériques s'étend en province. Toutes ces actions ont permis la modification des a priori de la part des néophytes en regard de ce type de structure, et les événements frappant comme les situations de Julian Assange ou Snowden ont accéléré l'émergence dans le débat public de toutes les problématiques soulevées par les hacktivistes depuis de nombreuses années.

Chaque Fablab qui apparaît est aussi une aide et une motivation de plus pour que d'autres plus petits labs proches apparaissent puis grandissent, et un réseau s'organise.

L'image projetée par les Fablabs étant à présent plus lissée et mieux comprise que celle projetée par les "espaces de Hackers", le gouvernement a lancé mi-2013 un appel à projet pour soutenir financièrement le développement de ces "tiers lieux" numériques sur 2 ans. La demande dépasse toutes les espérances puisque  le gouvernement a reçu environ 150 réponses à cet appel à projet issus, en provenance de 23 régions  françaises. Reste à présent à déployer la proposition pour que ces lieux puissent se développer et tester un modèle économique garantissant sa pérennisation.

Tout ces sources ont conduit à une incroyable diversité, matérialisée par le foisonnement de structures existantes ou en cours de création, et le fait qu'au final, même si manifestement un nombre croissant de personnes s'intéressent à ce domaine, personne n'a nécessairement trouvé de recette parfaite, établie, stable.

Au niveau mondial, l'explosion est flagrante. La Chine finance des hackerspaces et des labs, Obama a appelé le congrès à développer ces initiatives dans le but affiché que la prochaine évolution industrielle soit  "Made in USA" et relaie des initiatives comme 100Kgarages.com. Le mouvement est donc bel et bien lancé, reconnu et en phase d'industrialisation avec des enjeux qui peuvent parfois largement dépasser les objectifs des contributeurs.

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