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Fablab, Hackerspace, les lieux de fabrication numérique collaboratif

Introduction

Depuis quelques années, de nouveaux types d'ateliers collaboratifs émergent. Ils se retrouvent sous différentes appellations selon les points de vue ou la culture : hackerspaces, fablabs, medialabs, techshops. Ces termes ne regroupent cependant pas toujours la même réalité et sont parfois utilisés de façon approximative par le grand public alors qu'ils sont l'objet de discussions pointues chez leurs acteurs. 

Ainsi, bien que travaillant à des buts différents et différentes méthodes, ils ont tous en commun certaines caractéristiques.

D'abord, ce sont des lieux centrés sur les questions techniques, construction d'objets à l'aide de machines inventées ou montées pour l'occasion. Ils disposent donc souvent d'un équipement minimal acquis ou développé sur place constitué de machines à commandes numériques permettant la fabrication d'objet à partir de fichiers informatiques. Partant de ce point de vue, on pourrait imaginer une sorte de principe d'exclusivité de petits groupes faisant leurs affaires dans leur coin alors que tous ses lieux se font en général une mission d'être ouverts aux non-spécialistes, un peu dans la lignée des associations d'éducation scientifique. Cette ouverture souhaitée est aussi une condition de réussite, car pour construire des objets techniques complexes, il ne suffit pas d'avoir de la volonté, il faut aussi un partage de connaissance le plus large de manière à pouvoir aborder tous les aspects de la fabrication. Il y règne donc une forme d'interdisciplinarité revendiquée qui utilise toutes les technologies numériques innovantes pour se mettre en œuvre. Le réseau internet est donc central malgré le regroupement dans des lieux : il assure une communication permanente, l'accès à des informations utiles, voire leur production et leur diffusion au sein d'un réseau évolutif valorisant les trouvailles de tel ou tel groupe et la soumettant au regard des autres qui pourront la valider, la réutiliser à l'identique ou l'adapter. De ce point de vue, comme du point de vue historique, ces lieux collaboratifs sont souvent liés ou issus du monde du logiciel libre1  et de l'open source dont ils représentent la branche matérielle comme la thématique du bien commun en représente la branche culturelle et écologique.

Ces lieux se rassemblent sous l'appellation de « laboratoire de fabrication numérique collaboratif ».

Hackerspace/Makerspace

Littéralement « espace de hackers* », ces lieux rassemblent des passionnés de technologie (informatique, électronique, biologie...). Ils sont souvent organisés de manière informelle et fonctionnent de manière autonome par rapport aux institutions. Un site communautaire présente ce mouvement, www.hackerspaces.org.

Les makerspaces s'inspirent largement de ce mode de fonctionnement, mais sont pensés par et pour les makers, ces bricoleurs touche-à-tout. De par les similitudes dans les modes de fonctionnement et les idéaux, nous classons dans la même catégorie ces deux types de structure.

Medialabs

« Laboratoires de Media » qui existent depuis les années 1990. Ils rassemblaient des gens autour des technologies médiatiques (audiovisuel, multimédia, programmation informatique). Au fil des évolutions techniques et notamment avec l'apparition d'objets connectés, nombre de ces lieux se sont équipés peu à peu d'un véritable atelier « physique ».

Fablabs

Ce terme est souvent utilisé abusivement pour tous les lieux dont il est question dans cet ouvrage. Il signifie « fabrication laboratory » ou « laboratoire de fabrication ». Ce modèle d'atelier a été formalisé par Neil Gershenfeld, professeur au « center of bits and atoms » du MIT en 2001. Sa volonté était de créer un réseau d'ateliers accessibles au plus grand nombre, dans lequel on pouvait « fabriquer à peu près n'importe quoi ». Les fablabs adhèrent à une charte commune2  et un réseau3 informel les relie au niveau mondial.

Il faut bien faire la distinction entre Fablabs institutionnels, souvent contrôlés par une école ou autre, et un Fablab associatif, très proche du hackerspace/makerspace, mais respectant la charte Fablab et plus orienté vers la vulgarisation à l'adresse du grand public.

Techshop

Entreprise privée qui met à disposition de ses clients des espaces très bien équipés pour réaliser leurs projets, Techshop et les autres enseignes de la même catégorie reprennent les concepts des lieux de fabrication numérique collaboratifs pour proposer un service : le libre accès (mais payant) à un ensemble de moyens de fabrication.

Quelles que soient les orientations de ces divers regroupements, ils font partie d'une mouvance grandissante qui se concrétise de plus en plus, tant au niveau humain qu'au niveau technique.

Ce livre a pour ambition de parcourir cet univers afin d'avoir une vue d'ensemble de ce phénomène, et d'en découvrir les tenants et aboutissants dans les différents aspects de notre société. Après un petit historique pour comprendre l'origine et l'évolution de ce mouvement, nous présenterons quelques lieux français qui donnent vie à cette pensée et permettront d'entrevoir les points communs autant que la diversité des approches. Nous aborderons ensuite les aspects pratiques liés au fonctionnement d'un laboratoire de fabrication collaboratif de manière à aider ceux qui le souhaitent à les mettre en place en donnant des directions et des conseils à défaut de pouvoir fournir des recettes toutes prêtes. Enfin, nous terminerons par une approche des valeurs et des enjeux qui seront sous-jacents tout au long du livre, mais qui pourront enfin être traités de front.

  1. Voir le texte historique de la licence GNU http://www.gnu.org/philosophy/free-sw.fr.html et l'article Wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Logiciel_libre^
  2. http://labfab.fr/charte-fablab/ ou http://wiki.fablab.is/wiki/Fab_Charter/fr^
  3. http://wiki.fablab.is/^

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