Même si les laboratoires de fabrication ont gagné depuis peu en audience locale et nationale, ils existent pour certains depuis plusieurs années ou reposent sur des principes plus anciens qui prennent actuellement forme dans un contexte favorable.
Connaître ces origines permettra de bien comprendre ce qu'est un Fablab, ou un Hackerspace, comment ils fonctionnent, quelles sont leurs valeurs et leurs idées respectives.
Le mouvement d'amateurs1 s'associant pour vivre une passion commune, n'est pas une nouveauté en soi. Les clubs de modélisme ferroviaire, d'aéromodélisme, d'électronique, d'informatique, association de radioamateurs, de fans de mécanique, de couture, de sérigraphie, de menuiserie, sans parler des mouvements d'éducation populaire sont autant de formes d'association qui valorisent le transfert des savoirs entre générations par des ateliers pratiques. Les exemples sont nombreux, et nous avons tous un cousin, un voisin, qui pratique ce genre d'activité.
Atelier partagé proposé par le journal "système D" en 1953
La réelle nouveauté apparaît avec l'émergence du numérique dans la vie quotidienne et le développement du réseau internet à la fin du XXe siècle. Il devient simple et bon marché de partager des savoirs, des techniques et la mise à disposition des informations n'est plus réservée à certaines classes des personnes identifiées (enseignants, journalistes...). La diffusion des usages numériques, au niveau mondial et au-delà des cercles initiés, donne une nouvelle dimension au savoir et à sa mise à disposition. Les frontières deviennent floues, aussi bien géographiquement qu'au niveau des domaines de compétences. L'échange entre un ingénieur électronicien et, par exemple, un retraité de la charpente n'est plus qu'à un jet de mail. Les technologies de communication numériques ont permis la création de réseaux d'intérêt qui auraient été auparavant difficiles à constituer de fait du carcan social dans lesquels les acteurs sont placés.
Dans le même temps, le mouvement du Libre popularise la diffusion des licences ouvertes (General Public License), et favorise la diffusion des savoirs et pratiques en s'étendant à autre chose qu'à du logiciel. La licence, en devenant modulaire (par exemple avec la creative commons) et choisie par le ou les auteurs parmi un large éventail de nuances, permet, tout en restant dans un cadre légal et plus respectueux de la propriété intellectuelle des auteurs, de répandre l'intuition de l'avantage du travail en commun sur des projets d'envergure. Ces licences ouvrent une brèche en étant plus protectrices que peut l'être le "domaine public", par ailleurs inexistant en France, et à la fois plus permissive et souple qu'un brevet.
Ce qui ne s'appelle pas encore les technologies de l'information jouant un rôle de plus en plus important dans le quotidien, certains commencent déjà à s'intéresser au rôle que ces technologies seront amenées à jouer à l'avenir dans la façon dont les gens vivent et communiquent.
Mais bien avant ce constat apparaît à Berlin, en septembre 1981, le Chaos Computer Club. Ce qui est aujourd'hui la plus grande association de "hackers" en Europe se décrit comme une "communauté galactique des êtres de la vie, indépendante de l'âge, du sexe, de l'origine ethnique ou de l'orientation sociale, qui œuvre à travers des frontières pour la liberté d'information" et s'intéresse tout particulièrement aux impacts de la technologie sur la société et l'individu. Ce modèle fait florès jusqu'aux États-Unis où naissent en 2007 puis 2008, NYC Resistor à New York, HaCDC à Washington et Noisebridge à San Francisco.
En parallèle, en 1984 est publié 2600: The Hacker Quaterly. 2600 hertz est la fréquence qui permettait l'accès à un mode "opérateur" sur les lignes interurbaines. Ce magazine illustre l'apport d'une communauté mêlant Phreaking* et sécurité informatique.
En 2001, Le Medialab du MIT met en place le programme Fablab. Popularisé par la classe "How To Make (Almost) Anything" - "Comment fabriquer (quasiment) n'importe quoi" que donnait Neil Gershenfeld au Center For Bits and Atoms, il débouche sur une formalisation des principes autour d'une charte (voir en annexe). Les labs adhérant à la charte ne dépendent absolument pas du MIT. Il n'y a même pas besoin de reconnaissance de la part du Medialab. Pour pouvoir utiliser le logo, il suffit au lab de respecter un temps d'ouverture au public, et de mettre à disposition un parc de machines typiques du prototypage rapide. La plupart des labs sont associatifs, ou doivent leur fonctionnement à des fonds publics. Cette politique marquée d'ouverture et de réappropriation est un point essentiel de tous les laboratoires de fabrication à l'heure actuelle.
En 2006 ouvre aux USA le premier TechShop. Il s'agit d'ateliers de grande taille, à vocation commerciale, où l'on trouve des machines industrielles disponibles selon une formule d'abonnement à choisir. Chaque abonné peut alors à loisir se former à l'usage d'une machine, d'une technique, et prototyper ses idées, soit dans un but commercial ou par simple envie.
Le commerce rejoignant alors les bidouilleurs, tout est en place pour une évolution rapide à la fois des techniques, mais aussi des groupes d'individus qui vont peu à peu devoir se rassembler dans des lieux identifiés et les multiplier pour faire face à leur succès.
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