On peut distinguer deux types de lieux : ceux qui sont ouverts à tout le monde, et ceux qui ciblent un public en particulier. Par exemple, un Fablab monté dans une école peut n'être ouvert qu'à ses élevés. Dans ce cas-là, la question de savoir « Pour qui ? » a une réponse immédiate : les élèves.
Mais qu'en est-il des lieux ouverts à tous ?
Les Fablabs ne sont pas nécessairement ouverts à tous, tout le temps, bien souvent pour des raisons pratiques. Les Openlabs, moment d'ouverture au public, permettent toutefois à tout un chacun de venir découvrir et utiliser le lieu.
Dans ce contexte d'Openlab, le lieu n'est pas défini par qui est autorisé à entrer, mais par qui prend la peine de venir, qui est intéressé.
Le type de population des visiteurs, et a fortiori des membres du lab va alors dépendre d'un nombre de facteurs tels que l'endroit où se situe le local, l'ambiance du lieu, le type de projets déjà effectué, les membres déjà présents, les activités sociales, économiques et culturelles présentes localement, mais restera de toute façon très aléatoire, donnant à chaque lab une personnalité assez distincte.
Quelques exemples des types de personnes que l'on peut croiser, sans ordre particulier ni préférence.
Ou également les étudiants en design, ils ont très souvent besoin de fabriquer les objets qu'ils ont créés. Bien qu'ils aient de plus en plus souvent accès par eux même à des machines de fabrication numérique, le Fablab est pour eux un moyen d'avoir sous la main de nombreux outils et machines, ainsi que de découvrir de nouvelles techniques et d'apprendre à les utiliser.
Professionnels, mais aussi amateurs, qu'ils aient un projet complexe à développer ou qu'ils découvrent Arduino*, on les rencontre souvent dans les labs, certains lieux ayant même des ateliers spécifiques régulièrement.
Ou les étudiants en école d'art, ils utilisent les machines à commande numériques ou l’électronique pour explorer de nouvelles possibilités. Ils apportent souvent une voix différente de celle de la population classiquement majoritairement technique.
Utilisant traditionnellement des outils très manuels, certains préfèrent conserver ces méthodes, mais on en trouve de plus en plus qui découvrent et apprécient la possibilité du travail numérique.
De l'ingénieur à l'autodidacte, du petit projet au gros, on trouve énormément de gens travaillant sur des projets pas toujours utiles, mais toujours amusants, sur leur temps libre, juste parce qu'ils peuvent. Dans certains labs ils forment le gros de la troupe. Ce sont souvent aussi eux qui prennent le temps de fabriquer et d'améliorer les machines du lab, les voyant non pas comme un moyen, mais aussi comme une finalité en soi.
La création de nouvelles activités économiques est une finalité pour certains labs, pour d'autres c'est simplement un effet de bord. De nombreuses entreprises ont été créées à la suite de recherches et de bidouilles réalisées dans des Fablabs, la richesse en idées et en équipements étant un bon terreau pour l'innovation.
Tout le monde ne vient pas pour utiliser les machines et faire des choses, certains ne touchent presque jamais un outil et sont tout simplement là pour apprendre et comprendre. Communiquer les savoirs et la passion est aussi un des rôles des labs et poser des questions peut être une excellente façon de faire avancer les choses.
Il n'y a pas très loin entre programmer un ordinateur, et programmer un microcontrôleur comme un Arduino*. Nombreux sont ceux qui franchissent le pas, attirés par l'aspect plus concret et physique de l’électronique et de la programmation embarquées.
Chaque lab est différent, et les gens ne rentrent que rarement dans une case bien précise. Nombreux sont ceux qui rentrent dans plusieurs des cas cités ci-dessus, et ceux qui ne ne rentrent dans aucun.
C'est aussi cette extrême diversité qui fait la richesse des lieux. Ces étiquettes n'ont pas pour rôle de figer les choses, la mixité des profils est l'occasion pour un électronicien de comprendre la démarche d'un designer, ou pour un designer d'apprendre la programmation. Aussi un informaticien peut venir le samedi pour travailler le bois et oublier son quotidien virtuel.
Des lieux réunissant outils et machines-outils existent depuis longtemps, mais n'étaient pas des Fablabs pour autant. La fabrication numérique est pour quelque chose dans l'émergence du mouvement, mais c'est surtout l’esprit de partage qui a permis que les lieux fleurissent et essaiment.
Partage dans les lieux, avec l'ouverture à tous et le désir d'apprendre aux autres mais surtout avec les autres. Les membres d'un Fablab ne sont pas simplement utilisateurs ou consommateurs du lieu, mais participent à sa création, à son développement, à la découverte de nouvelles idées et au partage des connaissances.
Partage en ligne aussi : difficile d'imaginer un Fablab tel qu'on les trouve aujourd'hui avant l'apparition d'Internet : les fichiers de fabrication numérique peuvent maintenant être partagés pour permettre une reproduction des idées dans d'autres endroits, mais surtout une évolution collaborative des objets et des projets.
Partage libre enfin : avec l'utilisation de licences non restrictives, les bidouilleurs du 21e siècle n'ont pas seulement des idées, ils permettent aussi aux autres de se les approprier, de construire dessus, et à leur tour d'enrichir le savoir collectif.
Un Fablab qui fonctionne bien est souvent un Fablab constitué de personnes qui ont la passion du partage. On le voit aussi bien dans les lieux que dans la communauté plus largement.
Comme dans tous les groupes, les membres d'un Fablab doivent apprendre à vivre et travailler ensemble. Les « noyaux » d'origine souvent se connaissent et s'entendent déjà. Mais avec l'arrivée de nouveaux venus, d'horizons différents, tous doivent apprendre à accepter les différences et à collaborer.
Cela passe par, du côté des arrivants, apprendre à respecter le lieu et son fonctionnement (propreté, communication, respect des équipements), et pour ceux qui sont déjà là être tolérant des sensibilités et opinions des autres. Avec de l'attention, les problèmes peuvent être maîtrisés, mais cela demande des efforts de la part de tout le monde.
On pourrait penser qu'un lieu de partage très orienté vers l'aspect communautaire serait naturellement plus ouvert et tolérant, qu'il y serait plus facile qu'ailleurs d'être accepté. C'est en partie vrai, de nombreux Fablabs sont des lieux agréables à vivre, et la nature du lieu et des gens qui y sont présents n'y est pas pour rien.
Toutefois cette ambiance bien souvent bon-enfant, ou au moins agréable peut créer un certain idyllique qui peut empêcher de remarquer certains problèmes. Juste un exemple, dans la plupart des labs la population est très majoritairement masculine. Cela peut en partie être imputé à la distribution présente dans les populations (métiers techniques) qui fréquentent majoritairement les Fablabs (au contraire dans certaines écoles la situation peut être inversée). Mais quelle qu'en soit la cause, ce genre de déséquilibre peut créer une ambiance générale hostile (même si cela n'apparaît pas de façon évidente) qui décourage la découverte et l'adhésion au lab, aggravant encore plus le problème.
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