Brossons rapidement le portrait du paysage actuel des biens communs* (si vous êtes déjà familiers avec le thème, vous pouvez sauter les deux paragraphes qui vont suivre). Au risque de simplifier ou de perdre quelques nuances en route, on peut entendre par biens communs tout bien ou objet partagé dont tirent profit tous ceux qui appartiennent à une même société, sans restrictions d'accès. Le plus grand nombre doit participer à leur entretien et leur protection afin qu'ils puissent être légués aux générations futures dans les mêmes conditions.
Rien de nouveau, sinon que cela remonte aux origines de la civilisation et à l'utilisation des ressources naturelles. Ce sont le savoir et la culture, produits de cette manière, qui en rendent possible le libre accès et la libre diffusion. Progressivement, ce modèle s'est étendu à Internet et aux technologies de l'information et de la communication avec, en tête de file, les logiciels libres.
On parle ici d'espaces publics, d’œuvres littéraires ou de programmes informatiques ainsi que des conditions sous lesquelles on peut remixer le tout pour librement créer de nouvelles briques, de nouveaux processus et des opportunités innovantes qui contribuent de façon ouverte aux évolutions de la société. Ce cadre imposé par les licences libres* oblige à citer l'auteur original, de telle sorte que ce dernier voit son travail valorisé et sa création diffusée auprès d'un plus large public. Ce faisant, la régulation mais aussi l'extension du domaine des biens communs sont garantis.
Cependant, comme l'explique Antonio Lafuente1, les biens communs se retrouvent progressivement menacés, sous la pression de la marchandisation de la société, de la surexploitation des ressources naturelles et du manque d'attention qu'on leur porte.
Il est donc nécessaire de les développer et de les renforcer activement notamment en (re)découvrant les biens communs à travers les opportunités offertes par Internet et le numérique mais aussi par l'usage de nouveaux lieux de vie et de travail conviviaux. N'oublions pas le vaste domaine de l'éducation, où il est si urgent d'innover, la mise au point de nouveaux modes plus écologiques de production et de distribution des aliments et la préservation de l'environnement en général. La création de matériel libre aisément reproductible fait également partie des nombreux domaines qu'il faut explorer.
Comment croître dans un écosystème où la compétition pour obtenir l'attention est exacerbée, avec autant de plateformes de financement cherchant à lever des fonds pour leurs utilisateurs ? En se spécialisant sur un but bien précis, Goteo n'est conçu que pour les projets prévoyant des retombées collectives. Ils doivent être soumis au régime de licences Copyleft* ou ouvertes, tels que les Creative Commons, de telle sorte que tout un chacun puisse savoir comment elles ont été produites, voire les remixer, et les incorporer dans un autre produit ou un autre processus.
Comment garantir que l'élément moteur d'un projet atteigne son but et que ses liens se resserrent avec ses contributeurs ? En le structurant en deux phases : Goteo suppose un premier tour de levée de fonds, analogue à ceux des autres plateformes, mais dont le but n'est que d'atteindre le seuil minimal de financement requis pour lancer le projet. Une fois atteint cet objectif initial, le promoteur du projet bénéficie d'un second tour durant lequel il peut commencer à travailler tout en communiquant sur ses avancées, ce qui a un effet d'accélération sur la seconde levée de fonds.
Comment dépasser l'aspect purement économique ? En élargissant le champ des types de contributions possibles pour un projet. Goteo offre la possibilité de solliciter, parallèlement aux contributions financières, les compétences concrètes que des tiers peuvent apporter (traducteurs, testeurs, blogueurs...). L'outil permet également de proposer des ressources matérielles (transport, équipement...) et des infrastructures (installations, ateliers, espaces d'exposition...) afin de tisser un réseau de relations dépassant une transaction monétaire ponctuelle.
Comment combiner modestes et grosses contributions, au travers d'entités qui garantissent le respect des biens communs ? En créant un marché social d'investissement, Goteo gère un fond par lequel des entités publiques et privées peuvent soutenir le financement de projets en coordination avec la communauté et la société civile, produisant ainsi un effet levier.
Comment aider les créateurs qui souhaitent contribuer aux biens communs ? En les guidant et les conseillant sur les outils et le rôle de la communauté. Goteo a un assistant interactif qui vous accompagne tout au long du processus d'inscription, explicitant l'importance des décisions à prendre pour atteindre votre objectif. Il permet aussi de se mettre en relation avec une communauté d'experts et de passionnés pour prendre conseil auprès d'eux sur des sujets pointus.
Comment les biens communs peuvent-ils effectivement s’étendre et se renforcer au delà de la sphère numérique ? En générant des nœuds autonomes de gestion et d'attraction, Goteo souhaite que des groupes d'intérêts se rassemblent autour de projets liés aux biens communs, afin de gérer l'outil de manière indépendante tout en restant coordonnés au reste du réseau pour instaurer des communautés de proximité qui auront bien plus d'impact sur le contexte local.
Comment appliquer à lui-même les principes défendus par cet outil ? En s'engageant sur la voie de la transparence et d'une organisation ouverte. Goteo est une plateforme, mais aussi un organisme indépendant sans but lucratif, avec une assise légale qui permet de définir des objectifs communs avec les meilleures garanties possibles. De plus, il s'agit d'un logiciel libre distribué sous la licence AGPLv3. Quiconque souhaite monter son propre nœud Goteo peut en utiliser le code source. Les développeurs sont toujours les bienvenue pour améliorer l'outil, et permettre d'étendre le rayon d'action de Goteo et son implication dans les biens communs.
L'outil, après une période de fonctionnement bêta, est ouvert en Espagne depuis l'automne 2011, et un nœud local s'y est ajouté au Pays Basque au printemps 2012. Le but de cet ouvrage en Français est d’encourager de nouveaux porteurs de projets de l'espace francophone intéressés par les biens communs à rejoindre cette première phase de financement collectif*.
Goteo est à la recherche de projets numériques (ou pas !) en lien avec le développement durable, l'écologie, l'éducation et l’apprentissage, la recherche universitaire, l'espace public, les nouveaux médias, le code et l'art, et surtout, les projets qui mixent tous ces aspects. Si vous avez mieux, plus original ou plus inattendu encore à proposer, rejoignez également la communauté ! Il serait heureux que vous puissiez vous mettre en relation avec les personnes et les organisations qui apportent leur pierre à l'édifice collectif qu'est la communauté des utilisateurs de Goteo.
Si ce n'est pas déjà suffisamment clair, il s'agit de faire en sorte que le financement collectif permette de dépasser le crowdfunding, afin de promouvoir les biens communs. Tel un cheval de Troie introduit au sein même d'un système économique vicié, il peut contribuer à le tranformer de l'intérieur.
Tout ceci nous a mené à nous interroger sur le crowdfunding par le prisme de la sensibilité et de l'implication dans le financement collectif, et non pas dans une action sporadique et souvent sans garantie de retour pour les masses impliquées. Goteo se caractérise donc par son objectif de consolidation des biens communs, réalisé autant que possible en faisant coïncider le fond et la forme.
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