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La colonie carrée

2.

 

Ces dernières semaines, pas mal de choses ont bougé dans la petite ville de FÎZ et BÖD. On parle de faire des économies partout et sur tout : on essaie d'op-ti-mi-ser.

Alors, sous prétexte de réorganisation, de centralisation et mutualisation, des chantiers s'installent dans les rues, on détruit certains bâtiments jugés un peu trop vieux, on réaménage des places et on réhabilite des immeubles pour leur donner de nouvelles fonctions : plus question de laisser des espaces sans destination précise. Les gens de pouvoir, les anguleux haut placés veulent savoir ce qui se passe, où et quand. Ça fait quelque temps déjà que tout le monde avait remarqué les yeux des caméras de surveillance qui ont fleuri un peu partout dans les quartiers. Ces yeux ronds, fixés sur des boîtes carrées qui guettent les allées et venues des habitants.

BÖD et FÎZ se retrouvent sur la Place Carrée pour aller faire un tour, c'est samedi et il fait bon. Mieux vaut se balader dehors que de tourner sur soi-même dans l'appartement. Au coin de la rue, ils aperçoivent un gros chantier sur l'ancien bloc où habitait BÖD avec sa famille quand il était petit. Tout le rez-de-chaussée est réaménagé, on change les ascenseurs, les entrées et les escaliers. En passant, BÖD reconnait sa cousine qui est en train d'installer un nouveau digicode ultra-perfectionné.

- Hey cousine ! Tu bosses là ? C'est quoi votre plan, vous avez décidé de faire un hôpital où quoi ? C'est tout blanc tout propre votre nouveau bâtiment, rien à voir avec avant, quand on habitait là !

- Salut les jeunes, tu crois pas si bien dire. Moi j'ai rien décidé, je change juste les entrées, mais viens voir, approche, tu vas comprendre... La ville change, et plus vite qu'on ne le croit !

BÖD et FÎZ s'approchent du chantier.

- Passez par la porte là, pour voir, leur propose la cousine.

FÎZ se faufile le premier : bizarre. La nouvelle porte, à l'aspect un peu blindé, est basse par rapport à avant. Certainement un truc ergonomique se dit FÎZ. Pour BÖD c'est une autre affaire, il avance mais un truc coince. La cousine, à l'extérieur, toujours avec son tournevis à la main, se marre toutes dents dehors. BÖD ne passe pas. C'est-à-dire qu'il ne peut pas franchir la porte à moins de se plier en deux et de retenir sa respiration (ce qu'on ne souhaite à personne au moment de rentrer chez soi). Autant dire que l'accès au bâtiment n'est pas aisé pour les Ronds.

- Mais c'est quoi ce délire, ça y est, ils font des blocs que pour les Carrés maintenant ? Genre ils vont habiter entre eux dans des appartements tout neufs et nous on nous laisse les vieux immeubles, enfin, le temps qu'il faudra pour les refaire tous un par un, parce que quand même, ils sont sympas, ils nous laissent le temps de déguerpir !

BÖD est vexé, blessé, fait demi-tour et jette un sale regard à la cousine :

- Arrête de rire, tu devrais avoir la haine de participer à ça !

- C'est bon détends-toi, de toute façon on n'y changera rien, c'est pas nous qui décidons, les travaux sont déjà payés depuis des lustres...

FÎZ ressort du hall. Il rigole un peu en voyant la tête dépitée de BÖD :

- Allez fais pas la gueule, de toute façon t'aimerais même pas vivre ici !

- C'est pas ça la question, c'est la honte de se retrouver bloqué parce que t'as pas la bonne forme! Toi tu captes pas mais on n'a pas le droit d'interdire à quelqu'un de passer quelque part parce qu'il ne te ressemble pas. Et puis c'est quoi leur problème, ils ont peur qu'on prenne trop de place si on passe la porte ?!

Les deux petites formes continuent leur chemin, la cousine finit l'installation du digicode. Au fond, elle grince des dents, il a pas tort le petit BÖD. Dans une demi heure c'est la pause déjeuner, et vu qu'elle est pas loin du quartier, elle va pouvoir aller manger chez sa tante qu'elle n'a pas vu depuis longtemps. Elle est sûre d'y trouver un bon petit plat et que sa porte à elle sera grande ouverte.

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