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Le Guide du Voyageur du Code

Une prise de conscience progressive...

... de l’importance de diffuser la culture numérique

Avant de présenter en détail ce que sont les Voyageurs du Code, il paraît important de rappeler dans quel contexte le projet a été conçu et dans quel environnement il s’inscrit. En effet, si aujourd’hui l’apprentissage du code devient un sujet largement médiatisé, notamment suite aux déclarations successives des ministres de l’Éducation en 2014, cette prise de conscience n’a pas été immédiate. Quant à la question de diffuser la culture numérique pour tous, elle semble encore nouvelle pour beaucoup. Pourtant, depuis quelques années, et notamment avec l’émergence du mouvement du logiciel libre, de nouvelles réflexions sur l’accès au savoir émergent. Les Voyageurs du Code s'inscrivent dans cette tendance.

L’influence de la culture du libre dans l’accès au savoir : l’émergence de nouveaux lieux d’apprentissage

En quelques années, les usages du numérique se sont multipliés à une vitesse exponentielle. Aujourd’hui, rares sont les métiers qui n’ont pas d’une façon ou d’une autre recours à un produit numérique ; rares sont les personnes qui ne possèdent pas des outils numériques à titre individuel. Or, malgré cette omniprésence, il reste difficile pour tout un chacun de comprendre les multiples enjeux liés à ses évolutions.

En effet, un réel fossé se creuse entre les personnes capables de comprendre le fonctionnement de l’internet, des pages Web, des logiciels, et ceux qui consomment ces outils sans essayer de comprendre les enjeux de leur utilisation. Or des mouvements comme ceux du logiciel libre* adoptent une approche communautaire et ouverte de la création de services et encouragent les postures de remise en question et de réappropriation des connaissances en général et des technologies en particulier.

Cela a mené à l’émergence de nombreuses initiatives partout dans le monde : 

  • L’UNESCO, dès 2002, a validé la nécessité de donner plus largement accès à la connaissance  sous la mention Ressources Éducatives Libres (Open Educational Resources).
  • Wikipedia développe une dynamique d’ouverture du savoir.
  • Les licences Creative Commons* visent à clarifier les problématiques juridiques liées à la création et à là diffusion de contenus dans un cadre international qui dépasse les juridictions habituelles.
  • Reporters Sans Frontières lance des programmes visant à sensibiliser le monde journalistique aux risques d’espionnage et de fuite liés aux moyens de communications numériques.
  • L’Organisation Internationale de la Francophonie s’est lancée dans le financement de la production de ressources éducatives francophones en s’appuyant sur des communautés existantes.

De son côté, le milieu éducatif s’est emparé de cette problématique dans le but de fournir à tous des moyens de comprendre les évolutions du monde et de permettre à chacun de s’adapter le plus rapidement possible aux évolutions du marché du travail.

En France, l’enseignement technique souffrant d’un manque de reconnaissance, mais aussi de tentatives institutionnelles avortées (plan Informatique pour tous, apprentissage du langage LOGO dans les collèges, cartables numériques), la diffusion du savoir dans le domaine du numérique et de l’informatique repose encore beaucoup sur des associations et communautés d’utilisateurs :

  • les associations dans l’éducation populaire et scientifique comme les Petits Débrouillards ;
  • les médiathèques ;
  • les centres multimédia (faisant suite à la création des emplois jeunes en 1998) ;
  • les fab labs* et hackerspace* ;
  • les groupes d’utilisateurs de Linux ;
  • des groupements d’enseignants comme Sésamath. 

La multiplication de projets de plus ou moins grande envergure prouve que l'alphabétisation numérique est une tendance en pleine expansion.

Les approches pédagogiques nouvelles : quand la pratique prime sur le résultat

Comment construire des programmes et former des personnes alors que les usages du numérique sont en mutation permanente ? Comment enseigner à la fois les techniques, la logique et les usages ? Comment choisir une approche pédagogique pertinente adaptée aux spécificités du numérique ? 

Si les institutions scolaires françaises ont pris du retard, d’autres organismes ont su réagir plus rapidement avec de nouvelles initiatives :

  • Des institutions publiques comme le Massachusetts Institute of Technology (MIT) développent de nombreux outils que chacun peut librement utiliser et modifier pour les adapter à ses besoins. On voit ainsi apparaître des logiciels comme Scratch, facilitant la construction de programmes, de façon visuelle et intuitive.
  • Les sites communautaires permettant l’écriture de contenus et l’entraide servent de modèle à la création de MOOCs* (Massive Open Online Courses) qui offrent aux internautes l'opportunité d’apprendre sans passer par les cadres scolaires et universitaires officiels.
  • Nous assisont à l'émergence d'organismes se réclamant de la mouvance Do It Yourself* (DIY), issue de mouvement anticonsuméristes et valorisée par les mythes fondateurs des grandes industries de l’informatique (tous les grands ont commencé par bricoler dans leur garage). Elle sert de fondement aux communautés du logiciel libre ou des makers*, conduisant aux fablabs contemporains, qui sont aussi intégrés dans certains environnements institutionnels (École Supérieure des Beaux−arts de Bretagne, Cité de l’Industrie et des Sciences…).

Dans ces exemples, la pratique prime sur le résultat, la tentative prime sur la réussite. La tentative individuelle est la pierre angulaire d’une évolution générale. Elle sous-entend que toute action individuelle, quelle que soit sa réussite, bénéficie d’une façon ou d’une autre à tous et que nul ne saurait rester à l’écart. Elle implique aussi que la meilleure façon de maîtriser son avenir est d’y contribuer soi-même activement et sans relâche.

... des besoins en formation numérique

Neelie KROES, Vice-Présidente de la Commission Européenne, explique ; « Le numérique fait désormais partie de notre existence ; aussi, les jeunes générations en particulier ont-elles besoin de compétences numériques telles que la programmation. Dans un proche avenir, de telles compétences seront essentielles (...) » (source : www.codeweekfrance.org)

Face à cette révolution numérique, les besoins industriels continuent à évoluer. Les entreprises recrutent des informaticiens de tout genre, ayant une forte qualification, parfois même une double compétence, et expriment des besoins en formation pour maintenir et faire évoluer des projets de plus en plus nombreux. En France, l’économie numérique représente 7 % des emplois et la diffusion des TIC* (Technologies de l'Information et de la Communication) a créé 700.000 emplois en 15 ans. Alors que la France a besoin de 100.000 développeurs par an, les structures classiques d’éducation et de formation tout au long de la vie ne proposent pas d’initiation et de formation au code informatique. Une majorité de Français utilise au quotidien de nombreux outils technologiques, mais n’a pourtant qu’une faible conscience des immenses potentiels offerts par la maîtrise de la programmation informatique et n’a souvent aucune compétence en la matière. C’est ce qu’on appelle l’analphabétisme numérique. Les femmes, qui n’occupent que 27 % des emplois dans le secteur logiciel et services informatiques (Etude Syntec numérique, chiffres clés du secteur, janvier 2013), sont beaucoup plus touchées. Le défi de l’alphabétisation numérique (digital literacy) reste donc entièrement à relever, alors qu’il est certain que le code sera le langage du XXIe siècle.

C’est pourquoi l’inclusion de l’apprentissage du code informatique dans les programmes scolaires est présentée comme une avancée à tous niveaux. Elle marque l’importance stratégique d’un socle de connaissances techniques et le positionne dans la lignée des connaissances fondamentales d’éveil (arts, géométrie…). D’autres pays ont choisi des voies différentes : les États-Unis considèrent que l'écriture au clavier apporte un gain en efficacité, primordial dans les années à venir ; la Finlande concentre ses efforts sur les outils numériques d’aide à la réflexion, comme le mindmapping* (carte heuristique) ou les outils de collaborations. La prise de conscience de l’importance de l’apprentissage de la programmation informatique se généralise : en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, en Estonie, en Israël, en Corée du Sud, cette discipline est ou sera bientôt intégrée aux cursus scolaires et des initiatives nouvelles ne cessent de naître.

De multiples acteurs agissent dans le monde pour la promotion de l’apprentissage du code à tout âge et à différentes échelles. The Hour of Code a permis de mettre en lumière diverses initiatives et de leur donner un auditoire en France. Citons par exemple la Code Week EU, Coder Dojo, Code Club, et RailsGirls à une échelle internationale, et Simplon.co, Magic Makers, jecode.org, les Petits Débrouillards à une échelle nationale. Mais bien d’autres naissent à des échelles plus locales dans les FabLab, les Espace Public Numérique* (EPN), les bibliothèques.

C’est dans ce contexte qu’est née, au sein de Bibliothèques Sans Frontières, l’initiative des Voyageurs du Code. Ce programme propose sa vision de l’apprentissage des outils numériques et apporte sa réponse aux enjeux soulevés ci-dessus.

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