Avant de présenter en détail ce que sont les Voyageurs du Code, il paraît important de rappeler dans quel contexte le projet a été conçu et dans quel environnement il s’inscrit. En effet, si aujourd’hui l’apprentissage du code devient un sujet largement médiatisé, notamment suite aux déclarations successives des ministres de l’Éducation en 2014, cette prise de conscience n’a pas été immédiate. Quant à la question de diffuser la culture numérique pour tous, elle semble encore nouvelle pour beaucoup. Pourtant, depuis quelques années, et notamment avec l’émergence du mouvement du logiciel libre, de nouvelles réflexions sur l’accès au savoir émergent. Les Voyageurs du Code s'inscrivent dans cette tendance.
En quelques années, les usages du numérique se sont multipliés à une vitesse exponentielle. Aujourd’hui, rares sont les métiers qui n’ont pas d’une façon ou d’une autre recours à un produit numérique ; rares sont les personnes qui ne possèdent pas des outils numériques à titre individuel. Or, malgré cette omniprésence, il reste difficile pour tout un chacun de comprendre les multiples enjeux liés à ses évolutions.
En effet, un réel fossé se creuse entre les personnes capables de comprendre le fonctionnement de l’internet, des pages Web, des logiciels, et ceux qui consomment ces outils sans essayer de comprendre les enjeux de leur utilisation. Or des mouvements comme ceux du logiciel libre* adoptent une approche communautaire et ouverte de la création de services et encouragent les postures de remise en question et de réappropriation des connaissances en général et des technologies en particulier.
Cela a mené à l’émergence de nombreuses initiatives partout dans le monde :
De son côté, le milieu éducatif s’est emparé de cette problématique dans le but de fournir à tous des moyens de comprendre les évolutions du monde et de permettre à chacun de s’adapter le plus rapidement possible aux évolutions du marché du travail.
En France, l’enseignement technique souffrant d’un manque de reconnaissance, mais aussi de tentatives institutionnelles avortées (plan Informatique pour tous, apprentissage du langage LOGO dans les collèges, cartables numériques), la diffusion du savoir dans le domaine du numérique et de l’informatique repose encore beaucoup sur des associations et communautés d’utilisateurs :
La multiplication de projets de plus ou moins grande envergure prouve que l'alphabétisation numérique est une tendance en pleine expansion.
Comment construire des programmes et former des personnes alors que les usages du numérique sont en mutation permanente ? Comment enseigner à la fois les techniques, la logique et les usages ? Comment choisir une approche pédagogique pertinente adaptée aux spécificités du numérique ?
Si les institutions scolaires françaises ont pris du retard, d’autres organismes ont su réagir plus rapidement avec de nouvelles initiatives :
Dans ces exemples, la pratique prime sur le résultat, la tentative prime sur la réussite. La tentative individuelle est la pierre angulaire d’une évolution générale. Elle sous-entend que toute action individuelle, quelle que soit sa réussite, bénéficie d’une façon ou d’une autre à tous et que nul ne saurait rester à l’écart. Elle implique aussi que la meilleure façon de maîtriser son avenir est d’y contribuer soi-même activement et sans relâche.
Neelie KROES, Vice-Présidente de la Commission Européenne, explique ; « Le numérique fait désormais partie de notre existence ; aussi, les jeunes générations en particulier ont-elles besoin de compétences numériques telles que la programmation. Dans un proche avenir, de telles compétences seront essentielles (...) » (source : www.codeweekfrance.org)
Face à cette révolution numérique, les besoins industriels continuent à évoluer. Les entreprises recrutent des informaticiens de tout genre, ayant une forte qualification, parfois même une double compétence, et expriment des besoins en formation pour maintenir et faire évoluer des projets de plus en plus nombreux. En France, l’économie numérique représente 7 % des emplois et la diffusion des TIC* (Technologies de l'Information et de la Communication) a créé 700.000 emplois en 15 ans. Alors que la France a besoin de 100.000 développeurs par an, les structures classiques d’éducation et de formation tout au long de la vie ne proposent pas d’initiation et de formation au code informatique. Une majorité de Français utilise au quotidien de nombreux outils technologiques, mais n’a pourtant qu’une faible conscience des immenses potentiels offerts par la maîtrise de la programmation informatique et n’a souvent aucune compétence en la matière. C’est ce qu’on appelle l’analphabétisme numérique. Les femmes, qui n’occupent que 27 % des emplois dans le secteur logiciel et services informatiques (Etude Syntec numérique, chiffres clés du secteur, janvier 2013), sont beaucoup plus touchées. Le défi de l’alphabétisation numérique (digital literacy) reste donc entièrement à relever, alors qu’il est certain que le code sera le langage du XXIe siècle.
C’est pourquoi l’inclusion de l’apprentissage du code informatique dans les programmes scolaires est présentée comme une avancée à tous niveaux. Elle marque l’importance stratégique d’un socle de connaissances techniques et le positionne dans la lignée des connaissances fondamentales d’éveil (arts, géométrie…). D’autres pays ont choisi des voies différentes : les États-Unis considèrent que l'écriture au clavier apporte un gain en efficacité, primordial dans les années à venir ; la Finlande concentre ses efforts sur les outils numériques d’aide à la réflexion, comme le mindmapping* (carte heuristique) ou les outils de collaborations. La prise de conscience de l’importance de l’apprentissage de la programmation informatique se généralise : en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, en Estonie, en Israël, en Corée du Sud, cette discipline est ou sera bientôt intégrée aux cursus scolaires et des initiatives nouvelles ne cessent de naître.
De multiples acteurs agissent dans le monde pour la promotion de l’apprentissage du code à tout âge et à différentes échelles. The Hour of Code a permis de mettre en lumière diverses initiatives et de leur donner un auditoire en France. Citons par exemple la Code Week EU, Coder Dojo, Code Club, et RailsGirls à une échelle internationale, et Simplon.co, Magic Makers, jecode.org, les Petits Débrouillards à une échelle nationale. Mais bien d’autres naissent à des échelles plus locales dans les FabLab, les Espace Public Numérique* (EPN), les bibliothèques.
C’est dans ce contexte qu’est née, au sein de Bibliothèques Sans Frontières, l’initiative des Voyageurs du Code. Ce programme propose sa vision de l’apprentissage des outils numériques et apporte sa réponse aux enjeux soulevés ci-dessus.
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