Dans une performance audiovisuelle ou un set VJ, on peut être amené à mélanger des sources, soit pour effectuer des transitions afin de lier les médias entre eux, soit pour recomposer de nouvelles images en appliquant des superpositions.
Mélanger au moins deux sources c'est rapprocher deux éléments aux propriétés esthétiques et cognitives hétérogènes. Le mix est ainsi à la fois dynamique au niveau du sens et au niveau des émotions et des sentiments représentés et provoqués.
Rapprocher deux séquences c'est faire émerger un troisième terme qui résulte de ce rapprochement. C'est la base des théories du montage cinématographique. Le sens est une construction.
Lev Koulechov, cinéaste et théoricien russe, dans les années 1920 développe une étude scientifique sur l'interprétation de rapprochements d'images. Par exemple l'interprétation diffère selon le rapprochement d'un plan d'un visage inexpressif avec un plan d'un bol de soupe sur une table, puis avec celui d'un cadavre et avec celui d'une femme nue http://fr.wikipedia.org/wiki/Lev_Koulechov
Une illustration de l'effet Koulechov. Sources: Jewish Historical Society of the Upper Midwest; Diana House (CC-BY); Jules-Armand Hanriot.
De ses travaux émane le constat qu'une image seule n'a pas de sens (ou trop). Le sens commence avec les juxtapositions d'images et les relations au contexte de diffusion. Les notions de montage réflexe et montage des attractions sont également établies. Le montage réflexe s'applique aux associations de plans fluides dont la logique est émotionnelle, et le montage des attractions pour des plans hétérogènes pour lesquels l'association intellectuelle des sens respectifs est basée sur le sensationnel.
« Le montage est l'art d'exprimer ou de signifier par le rapport de deux plans juxtaposés de telle sorte que cette juxtaposition fasse naître l'idée ou exprime quelque chose qui n'est contenu dans aucun des deux plans pris séparément. L'ensemble est supérieur à la somme des parties. » Citation de Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein qui utilisa le montage pour orienter le sens a des fins politiques, le "cinéma poing".
Au contraire du cinéma poing, Dziga Vertov (http://fr.wikipedia.org/wiki/Dziga_Vertov) développe plutôt un cinéma-œil, cinéma documentaire non littéraire (sans narration), dont le montage est lié au "mouvement du réel". Pour lui, « le "ciné-drame" (fiction) est l'opium du peuple ».
En gardant en tête la préoccupation du sens et des orientations esthétiques, on peut donc choisir de passer d'une séquence à une autre sans transition particulière : c'est le montage cut. Dans un set VJ, cela peut permettre de donner du rythme à un enchaînement de séquences, en suivant ou non les impulsions de la musique. Cela permet aussi plus de sobriété, mais c'est une question de point de vue.
Il est aussi possible d'enchaîner les séquences en appliquant une transition qui utilise un mode de fusion choisi à l'avance (voir chapitre "Appliquer des effets"). Cette transition est généralement contrôlable sur l'interface utilisée grâce à une glissière (ou fader) horizontale ou verticale. La transition la plus souvent utilisée est le fondu enchaîné, qui utilise le mode de fusion "normal". Il est utilisé pour obtenir un passage progressif entre deux séquences.
On peut gérer ces transitions simplement grâce à l'interface du logiciel utilisé. Il est également possible de programmer un enchaînement de séquences les unes à la suite des autres grâce au séquenceur, en général présent sur les logiciels de VJing.
Séquenceur du programme Veejay
Enfin, certains VJs utilisent des mélangeurs vidéo matériels afin de mixer les sources issues de leur ordinateur avec des sources de provenances différentes, comme, un lecteur DVD ou une caméra analogique. Le mélangeur est en quelque sorte l'ancêtre du logiciel de VJing, il était fréquemment utilisé dans les années 1990. Les quatre fonctions principales du mélangeur sont :
Mélangeur vidéo Sony BVS-3200CP - Source : wikimedia Licence CC BY-SA
Il est possible de mélanger des sources de différentes manières, chaque mode de superposition (ou mode de compositing) correspondant à un calcul différent : addition des niveaux de luminosité de l'image de dessous et de celle de dessus, soustraction des niveaux de luminosité, ou d'intensité colorée. Les modes de fusions déterminent la façon dont un pixel va interagir, se mélanger avec celui situé immédiatement en dessous.
Les superpositions sont à utiliser avec prudence et plutôt avec des images sobres. Le VJ sait quelles images il utilise alors que le public non. Le VJ peut distinguer et identifier ses images mélangées facilement, alors que le public ne percevra qu'une image abstraite. Ponctuellement cela est une agréable référence au psychédélisme, mais quand il n'y a que cela, on parlera de bouillie ou de "pizza".
Selon le logiciel utilisé, différents modes de fusion sont possibles.
Quelques exemples de mélange de ces deux images :
Normal : si elle ne comporte aucune zone transparente, l'image du 1er plan masque complètement celle du dessous. Cette dernière réapparaît progressivement quand on baisse l'opacité.
Différence : les valeurs sont inversées. Cela fait ressortir les différences entre les deux images.
Produit (multiply) : c’est l’effet de deux diapositives superposées dans un projecteur. L'image finale est donc assombrie.
Superposition : c'est l'opposé du produit. Ce mode compresse les valeurs les plus claires plutôt que de les écrêter. L'image est donc éclaircie.
Incrustation lumineuse (luma key) : combinaison d'un produit et d'une superposition. C'est la luminosité de l'image du dessous qui détermine le mode utilisé. Les valeurs les plus sombres engendrent un produit, les plus claires une superposition.
Éclaircir (lighten) : conserve les pixels les plus clairs des deux images sans aucune modification.
Obscurcir (darken) : conserve les pixels les plus sombres des deux images sans aucune modification.
Images : Carole Thibaud - Licence CC BY-SA
La construction du sens et des ambiances évoquée par le mix ou la performance émane donc des images rapprochées, qu'elles soient déjà avec des traitements ou que ceux-ci soient rajoutés grâce au logiciel VJ. Ce que nous allons voir, ainsi que l'influence du processus et du cadre de diffusion.
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