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Réaliser des manuels sous licence libre - retours d'expériences

Sébastien Dumoulard

Après une dizaine d’années d’enseignement en mathématiques en collège, dans un établissement REP, j’ai exercé en lycée, avant de rejoindre le service de formation continue de l’université de Lille. Depuis quelques années, j’enseigne désormais à l’IUT de Lille, au sein du département GEA (Gestion des entreprises et des administrations).

Dés ma première année d’enseignement, j’ai découvert de nombreuses ressources, disponibles sur Internet, qui m’ont aidé à bâtir mes premiers cours. Parmi la multitude de documents en libre accès, certains se détachaient clairement du lot, de part leur qualité et leur clarté (d’un point de vue pédagogique et d’un point de vue graphique). C’est ainsi que je suis vite devenu un fervent admirateur des ressources proposées par Sésamath, association alors naissante.

Outre les fiches d’exercices classées par thèmes, j’utilisais aussi beaucoup les ressources numériques et en particulier la banque d’exercices interactifs MathEnPoche.

La parution du manuel Sésamath 5e, en 2006, m’a ouvert d’incroyables perspectives : ce manuel était un vrai précurseur, à plusieurs égards : libre, il permettait à chacun de télécharger et de modifier les contenus, afin de les adapter à ses propres classes. Numérique, il était accompagné de nombreux compléments (animations, corrigés dynamiques, etc.) en plus de proposer gratuitement un environnement d’affichage extrêmement bien pensé.

En parallèle, l’association Sésamath proposait des formations (à distance) à toute personne désireuse de maitriser le logiciel OpenOffice alors utilisé pour l’écriture de ce manuel.

C’est donc un peu intéressé, mais aussi très fier de pouvoir échanger avec des membres de Sésamath, que j’ai suivi cette formation, sans aucune contrepartie.

Quelques mois après, le succès du manuel 5e a permis à Sésamath d’envisager l’écriture d’un autre manuel. L’association a alors lancé un appel afin de « recruter » des contributeurs. Toute participation était encouragée, de la relecture à l’écriture, en passant par l’élaboration des compléments animés… La production de ressources écrites et l’idée de rejoindre Sésamath me séduisaient énormément, tout en m’effrayant un peu (en quoi étais-je légitime dans un tel projet ?) Je me suis finalement lancé, en proposant de participer à l’écriture du manuel 4e.

J’ai alors découvert le travail collaboratif, un travail passionnant, en rédigeant quelques parties du manuel 4e, et en relisant d’autres parties écrites par d’autres auteurs. Ce fut l’occasion de profiter d’une grande liberté dans la production des ressources (les seules contraintes étant le respect des programmes officiels, le respect de la licence libre, et l’approbation des différents relecteurs).

Après avoir participé à l’écriture de nombreux ouvrages libres au sein de Sésamath (manuels collège, lycée, cahiers d’exercices), j’ai rejoint les auteurs des ouvrages Iparcours en 2016 pour l’écritures des manuels IParcours collège. Le fait de travailler en tant qu’auteur, et sous contrat avec une maison d’édition m’a apporté une plus grande liberté. N’étant que 4 auteurs, qui nous connaissons bien, les rôles se sont répartis naturellement et chacun a pu être très efficace à sa tâche.

Nous avons alors pu lever un frein inhérent au travail collaboratif « à trop grande échelle » : au sein de Sésamath, la « chaine de production » était parfois très longue, et les aller-retours entre auteurs et relecteurs pouvaient être très longs, avec parfois un résultat mitigé, obligeant à reprendre dans l’urgence des fiches qui ne semblaient pas abouties… Ici ce ne fut pas le cas, chacun sachant clairement quel était le travail attendu.

En revanche, la pression éditoriale fut relativement élevée, le rythme de travail fut très soutenu, les délais étant très contraints et le volume de travail conséquent.

Il s’est agit d’un travail de grande ampleur, que j’ai à titre personnel considéré comme aboutissement des précédents : nous avons pu, à l’occasion des changements de programmes de 2016, reprendre les manuels Sésamath (auxquels nous avions tous très largement participé) en les améliorant considérablement. C’est bien là le but ultime de tout manuel libre.

Je ne saurais que trop conseiller à toute personne intéressée par l’aventure d’un manuel libre de se lancer !

Participer à un tel travail s’avère extrêmement enrichissant : les discussions et échanges avec les autres participants permet de s’améliorer, tant d’un point de vue technique (j’ai ainsi pu acquérir une maitrise plus « experte » du logiciel OpenOffice), que d’un point de vue « éditorial » (nul doute que les documents que j’ai pu produire depuis pour mes propres besoins ont connu un vrai saut qualitatif en profitant de ses différents échanges).

Enrichissant encore car il permet d’ouvrir des perspectives parfois inattendues : mon investissement au sein de Sésamath a augmenté sensiblement au travers ma participation à des projets connexes aux manuels (production de ressources numériques, participation aux choix éditoriaux, travail au sein du conseil d’administration de l’association, etc.).

Enrichissant enfin (et surtout ?) car comme toute expérience collaborative, il est l’occasion de belles rencontres humaines, au travers les réunions de travail, à distance ou en présentiel…

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