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Scribus: Typographie

La typographie dans Scribus

Nous entrons maintenant dans le cœur de Scribus. Nous avons expliqué comment importer un texte dans un cadre de texte dans le chapitre « Prise en main de Scribus ». Le présent chapitre se propose de passer en revue l’ensemble des fonctions qui permettent d’appliquer les attributs typographiques au texte.

D’entrée de jeu, notons que certains paramètres typographiques ne sont accessibles que dans l’Éditeur de styles et donc inaccessible dans la Palette des propriétés. Les deux menus travaillent en complémentarité. 

Niveaux de texte

La mise en page est une mise en scène du contenu. Il faut prévoir des effets dans votre mise en page pour maintenir le lecteur en haleine. Il faut aussi maintenir des zones d’accalmie pour que le lecteur s’y retrouve. Si tout bouge et qu’aucun élément de cohésion ne vient souder le tout, votre lecteur s’y perdra et la transmission de votre message sera compromise.

C’est pourquoi le texte est souvent structuré en divers niveaux. Ces niveaux de textes ne sont pas toujours au même nombre d’une publication à l’autre, mais il y a toujours une hiérarchie dans le contenu, hiérarchie que le maquettiste sera appelé à illustrer grâce à des choix typographiques judicieux. Le but de ce livre n’est pas de discuter des choix en question, mais bien de montrer l’étendue des possibilités de Scribus au moment de mettre en place les divers éléments de cette mise en scène.

Voici une liste non exhaustive des niveaux de textes qu’on peut retrouver dans une publication. Selon les cas il y aura plusieurs niveaux d’intertitres. Il peut y avoir plusieurs types d’encadrés. Pour vous faire une meilleure idée, vous pouvez examiner des publications qui vous sont familières. Vous constaterez qu’elles sont structurées et vous verrez comment elles le sont.

  • Texte courant
  • Légende de photos ou d’illustrations
  • Crédits
  • Intertitres
  • Titraille (surtitre, titre, sous-titre)
  • Chapeau
  • Exergue
  • Citations
  • Textes en retraits
  • Listes numérotées
  • Listes à puces
  • Notes infra-paginales

À chaque niveau de texte correspondent des attributs typographiques spécifiques. Votre travail consiste à établir quels sont ces attributs. Sans qu’il soit question de donner ici quelque recette que ce soit, donnons tout de même les grands principes qui doivent vous guider dans votre recherche. Nous l’avons dit, la mise en page est une mise en scène. Le titre est une bonne entrée en matière. Il faut qu’il ait du punch ! La titraille pourra être une habile combinaison de contraste. Gardez à l’esprit qu’on ne lit pas la titraille dans l’ordre où elle est écrite. Le titre attire d’abord l’attention. Le reste des éléments sera lu en fonction des contrastes et des jeux de lumières, de couleur, d’ombres et de clarté que vous aurez mis en place.

Le texte courant est votre zone d’accalmie. Le lecteur doit être en mesure de lire. Il faut favoriser sa lecture. Les intertitres viendront ponctuer sa lecture et relancer son intérêt. De même pour les encadrés, les exergues et les légendes des illustrations.

Attributs typographiques

Les éléments qui suivent constituent votre palette typographique. Ils sont vos amis. Ils vous aideront à mettre en scène vos contenus. Découvrez-les et apprivoisez-les. Levée de rideau

La lettrine

La lettrine est un des éléments forts de votre mise en scène typographique. La première lettre du premier paragraphe du texte, article, chapitre, etc. est mise en évidence. Elle est plus grande que les autres caractères du texte (son corps est plus fort) et elle attire le regard vers le début du texte. On peut lui attribuer une police de caractère autre que le texte. Pour obtenir une lettrine dans Scribus il faut faire une feuille de style, car le réglage n’est pas accessible autrement. Il suffit de cocher la case [Lettrine] et de renseigner le champ Nombre de lignes . On pourra par la suite, une fois le style appliqué, modifier la police de la lettrine en allant dans la Palette des propriétés. De même on peut lui attribuer une autre couleur. Il est à noter que le code typographique prescrit de composer le premier mot en petites capitales pour effectuer une transition en douceur vers le texte courant. Dans le cas où la lettrine est la première lettre d’un mot court et non significatif (Le, La, Les, etc.) on mettra aussi en petites capitales le premier mot significatif. Pour ce faire, il faut sélectionner le mot en question (ou les mots) et appliquer l’attribut Petites capitales en cliquant sur l’icône appropriée dans la Palette des propriétés (voir le résultat dans la seconde image ci-dessous)

Lettrine.png

Lettrine_avec_petites_capitales.png

Les ligatures peuvent être obtenues soit directement à la saisie du texte dans le traitement de texte ou dans Scribus (c’est le cas d’une ligature courante comme « œ » dans œil, bœuf, cœur, etc.), ou en allant au menu [Insérer] > [Ligature] pour les ligatures qui ne seraient pas aisément accessibles au clavier.

Les chiffres en bas-de-casse ou chiffres elzéviriens sont accessibles par le menu [Insérer] > [Caractère]. Notez que ces chiffres ne sont pas disponibles dans toutes les polices. Si vous prévoyez les utiliser dans votre mise en page, assurez-vous qu’ils existent dans la police de votre choix.

Le réglage des chiffres et des lettres en exposant et en indice est fait dans les [Préférences] > [Typographie]. Il y a deux champs à renseigner ici : le décalage et le pourcentage de mise à l’échelle. Il convient d’effectuer des tests en fonction du caractère utilisé. Les résultats ne seront pas les mêmes, car le dessin des caractères varie et les réglages qui conviennent à une police ne conviendront pas à une autre. Et il faut choisir, et parfois faire des compromis, car ce réglage comme tous ceux de ce dialogue est un réglage global qui s’applique indifféremment à toutes les occurrences du document.

Les guillemets et les apostrophes doivent faire l’objet d’une attention particulière. En typographie, l’apostrophe est courbe et non droite. Au moment de préparer vos sources (voir ce chapitre) n’oubliez pas de convertir vos apostrophes ! Si le détail vous échappe, pas de souci, il existe un script (voir ce chapitre) dans Scribus qui permet de convertir les apostrophes automatiquement. De même, les guillemets français [ « » ] se distinguent des guillemets anglais [ ” “ ]. Ici encore, la préparation minutieuse de vos sources permettra une tenue typographique irréprochable.

Les espaces typographiques

Il est possible d’insérer des espaces fines et des espaces insécables dans Scribus. Pour les fines, l’opération n’est pas automatique et est en fait assez malaisée, car il faut tout faire à la main. Pour les insécables, Scribus possède un petit outil performant qu’on retrouve dans le menu Extra > Espaces insécables. Mais avant de l’utiliser, il convient de le paramétrer dans le menu Préférences > Espaces insécables. L’image ci-dessous montre cette boîte-dialogue. La portion du texte qui apparaît en noir dans cette fenêtre est éditable. N’oubliez pas de sauvegarder tout changement.

NB: Si vous faites un changement à ce niveau, il serait utile d’en faire part à la communauté en vous rendant sur le bug tracker de Scribus accessible à l'adresse http://bugs.scribus.net. Il se pourrait que vos réglages intéressent d’autres utilisateurs. Vos changements pourraient alors être incorporés directement dans les fichiers livrés avec Scribus.

Espaces_insecables.png

Chaque entrée après la mention « fr= » est composée de deux éléments : une chaîne de caractère suivi ou précédé d’une espace. Chaque entrée est séparée de la suivante par une virgule. L’espace sera remplacé automatiquement par une espace insécable ce qui fera en sorte de joindre les éléments énumérés ici avec le mot qui suit ou qui précède selon les cas. Les lignes « fr= » sont au nombre de trois, mais en fait il en faudra autant qu’il y aura de type de données, par commodité. Intéressons-nous à la troisième ligne. Vous constaterez que Scribus insérera, d’après cette table de remplacement, une espace insécable devant le point-virgule, là où il faudrait une espace fine. Étant donné que Sribus est incapable de gérer les espaces fines de façon automatique, les développeurs ont pensé qu’il valait mieux insérer une espace insécable que pas d’espace du tout. À vous de juger si cette règle vous plaît. L’avantage ici est que vous avez le moyen de la changer.

Alignement et justification

Il existe cinq manières d’aligner le texte dans Scribus. Juste sous le menu déroulant du réglage de l’interlignage se trouve cinq petites icônes dont le sens est facilement compréhensible pour qu’on se passe de les expliquer, mais il y a tout de même une petite subtilité qui perturbent bien des utilisateurs, c’est la cinquième icône. Ces cinq options sont accessibles en trois endroits dans l’interface de Scribus : dans l’Éditeur de Styles [Édition]>[Styles], dans la Palette des propriétés ainsi que dans l’Éditeur de texte.

L’alignement à gauche et l’alignement centré peuvent convenir à la titraille et aux intertitres.

L’alignement à droite pourra servir lorsqu’on veut positionner le nom de l’auteur d’un article, par exemple. Il ne s’agit pas d’énoncer une règle, mais bien de donner des exemples pour vous permettre de faire vos premiers pas dans Scribus.

La justification est le fait de superposer des lignes typographiées de longueur égale dans le but de créer visuellement une colonne de texte. On parle de justification ou de largeur de composition pour exprimer la largeur de cette colonne. On dira que le texte est justifié sur x picas, par exemple. La petite icône montre une colonne dont les bords droit et gauche sont parfaitement alignés à l’exception de la dernière ligne qui sera appuyée sur la marge de gauche lorsque le texte se lit de gauche à droite, et appuyée à droite lorsque le texte se lit de droite à gauche. On se sert de la justification pour le texte courant des livres et des journaux. C’est une question de lisibilité et surtout de confort de lecture. Les colonnes de textes ont une certaine monotonie qui convient bien à un contenu plus dense qu’il faut appréhender avec calme. Le titre nous accroche, le texte doit nous retenir et être propice à la lecture. C’est aussi dans un texte justifié que la notion de gris typographique prend tout son sens. Par opposition aux autres niveaux de textes qui viennent ponctuer la mise en page et créer des effets de surprise pour le lecteur, le gris typographique du texte courant est une plage calme.

Les trois illustrations ci-dessous sont des exemples de texte justifié. Vous remarquerez que dans le texte composé sans alinéa nous avons ajouté un blanc entre les paragraphes. Ce blanc ne peut être obtenu qu’au moment de créer des feuilles de style, les paramètres d’espacement avant et après les paragraphes n’étant pas disponibles dans la Palette des propriétés. L’alinéa ou le renfoncement de la première ligne du paragraphe, tout comme la mise en sommaire, sont aussi des réglages inaccessibles dans la Palette des propriétés. Il faut faire des feuilles de style pour avoir accès à ces paramètres.

Les trois variantes du texte justifié

Sans_alin__a.png

Alin__a.png 

Composition_en_sommaire.png

Pour obtenir une mise en sommaire il faut d’abord donner une valeur d’indentation gauche supérieure à 0 (disons 1 pica par exemple, noté 1p0) pour ensuite donner une valeur négative (mettre le signe moins devant le chiffre dans le champ) qui ne soit pas supérieure à la valeur positive (disons -1 pica, noté -1p0). On pourra combiner les valeurs de son choix selon l’importance qu’on veut donner à la première ligne qui sera plus ou moins en saillie par rapport au texte.

Dans tous les cas, il faut se familiariser avec ces réglages. On peut combiner les paramètres pour obtenir l’effet désiré. Par exemple, si la mise en sommaire est utilisée pour une énumération ou des notes ou tout texte qui justifie une telle disposition du texte on pourra mettre un petit blanc entre les paragraphes pour mieux marquer la séparation des entrées. Le premier mot pourra aussi être en gras. Enfin, bien des combinaisons sont possibles.

La justification forcée est le cinquième réglage et il méduse bien des gens. Le texte est justifié, mais la dernière ligne l’est aussi, ce qui doit en principe remplir le blanc et faire un rectangle parfait. On appelle cela la composition en pavé. Ce réglage a son utilité, mais il ne doit pas être confondu avec le précédent qui est d’un usage plus courant.

Les listes numérotées et les listes à puces

Scribus offre beaucoup de souplesse pour la réalisation des listes, mais il ne le fait pas automatiquement. Il faut faire une feuille de style pour avoir accès à tous les réglages nécessaires à la confection des listes. L’exemple ci-dessous a été réalisé grâce à une combinaison de quatre paramètres : les tabulateurs au nombre de deux, le renfoncement de la première ligne et le renfoncement à gauche. Voyons d’abord l’exemple. Les explications suivent !

Liste_num__rot__e.png 

Pour réaliser cette liste, on doit d’abord ajouter un tabulateur devant et après le chiffre. Ensuite on peut ouvrir l’éditeur de style [ Édition > Styles ]. Paramétrez le texte comme il vous convient puis passez tout au bas de la boîte dialogue et repérez les réglages de tabulation. Le premier tabulateur sera un tabulateur droit. Les chiffres seront ainsi alignés à droite, les unités sur les unités. Le second tabulateur sera un tabulateur gauche. Le texte sera ainsi aligné à gauche. Ensuite il vous faut un renfoncement négatif de la première ligne ainsi qu’un renfoncement positif à gauche. À l’aide de cette technique et de ces quatre réglages, toutes les possibilités s’offrent à vous. Il est possible avec cette technique de créer des listes à multiples niveaux. Vous n’avez qu’à jouer avec les valeurs de ces champs.

liste____deux_niveaux.png 

Dans le cas d’une liste à puces, remplacez simplement les chiffres par un symbole de votre choix. Pour cela, ayez recours à une police de symboles.

L’interlignage

L’interlignage est l’espace entre deux lignes. Il y a trois méthodes d’interlignage dans Scribus.

L’interlignage fixe est un interlignage à valeur fixe établie par l’utilisateur.

L’interlignage automatique est un interligne qui a la valeur du corps du caractère augmentée d’une valeur en pourcentage qu’on établit dans la section Typographie des Préférences (c’est le réglage qui est tout en bas à droite dans le dialogue). Par défaut cette valeur est de 20 %. Commode lorsqu’on débute — car il y a tant de choses à considérer — cette méthode est peu utilisée par les professionnels.

L’interlignage aligné sur la grille typographique est tributaire du réglage de cette grille dans les Préférence sous Guides (c’est le réglage qui est tout en bas à droite de ce dialogue). La grille typographique est utilisée lorsqu’on souhaite un alignement parfait d’une colonne à l’autre et d’une page à l’autre dans une publication. Le texte est alors contraint de coller à cette grille. La valeur de l’interlignage est fixe. Il n’y a qu’une seule valeur possible par document.

Dans l’exemple ci-dessous on voit la grille affichée en arrière-plan et le texte appuyé dessus. L’intertitre, quant à lui, flotte entre les lignes. Il est possible de mêler du texte aligné sur la grille typographique avec du texte qui ne l’est pas. Cette souplesse permet des ajustements fins et une mise en page agréable. L’intertitre n’est pas appuyé sur la grille. Pour obtenir ce résultat, il faut jouer avec les valeurs d’espacement avant et après le paragraphe — ici, l’intertitre. On peut ainsi faire remonter ou descendre l’intertitre entre les deux paragraphes du texte courant.

Intertitre_flottant.png

L’approche de groupe est un réglage global qui affecte un ensemble de caractères, un titre, un paragraphe. Il sert à resserrer la valeur d’interlettrage, en d’autres termes l’approche de groupe permet de diminuer l’espace entre les lettres. Dans le cas d’un titre, cela permet de créer un noir plus riche en éliminant les blancs entre les lettres. Dans le cas d’un paragraphe, il peut être utile de modifier l’approche dans le but d’obtenir un gris typographique uniforme ou pour régler le cas d’une veuve ou d’une orpheline (voir plus bas).

L’approche de paire quant à elle est un réglage fin qui permet d’agir entre n’importe quelle paire de lettres dans les cas où le réglage général d’approche de groupe ne donnerait pas satisfaction. On s’en sert presque en tout temps dans les titres. La raison est que les polices de caractères sont pour la majorité dessinées pour être utilisées en petites tailles. Au-delà d’un corps de 16 points, les tables d’approche des polices révèlent leurs limites.

approche_et_interlignage.png 

Le texte ci-dessus a été composé en Liberation Sans Bold 80 pts. L’interlignage est réglé à Automatique, c’est-à-dire qu’il est de 20% supérieur à la valeur du corps du caractère. Les valeurs d’approche n’ont pas été modifiées. Dans la version juste au-dessous, le texte est toujours en 80 pts mais l’interlignage a été réglé à Interlignage fixe et la valeur est de 73 pts. L’approche de groupe a été réglée à -5%. L’aspect général est plus compact et le contraste est plus marqué. Le noir du titre est plus dense du fait du rapprochement des lettres. Ce titre attirera davantage l’attention que la version originale avant réglages.

Pour régler l’approche, allez dans la Palette des propriétés > Onglet Texte > Fonctions évoluées > le champ qui est associé à l’icône AV est celui que vous devez renseigner. Le réglage idéal est celui qui plaira à votre oeil. C’est hautement subjectif. Ça ne doit sembler ni trop serré ni trop relâché, mais au final ça demeurera toujours une question d’appréciation. Attention ! Les réglages d’approches valables pour une police donnée ne donneront pas les mêmes résultats avec une autre police, ni même avec la même police, mais avec un corps différent. L’approche est un réglage qu’on doit adapter à chaque cas.

Sélectionnez du texte pour régler l’approche de groupe.

Mettez votre curseur entre deux lettres pour régler l’approche de paire.

Notez que vous pouvez agir en toute liberté en utilisant la molette de votre souris pour augmenter ou diminuer la valeur d’approche.

Les documents multilingues : que peut Scribus et que ne peut-il pas ?

Il est tout à fait possible de produire des documents multilingues dans Scribus. Des textes de diverses langues peuvent cohabiter dans une même page sans souci particulier, voire dans un même cadre de texte. Par contre, il y a des limites aux capacités de Scribus. La liste ci-dessous décrit ces limites.

  • Bien que Scribus supporte les langues qui s’écrivent de droite à gauche, il ne gère toutefois pas l’arabe. En effet, au-delà du sens de l’écriture, la question de l'usage des ligatures des glyphes et la terminaison des lignes dans cette langue n’est toujours pas résolue et de ce fait on ne peut traiter du texte arabe dans Scribus. On peut cependant insérer du texte et y appliquer une police arabe, mais cela relève plus de la fantaisie que du travail soutenu.
  • Les langues qui s'écrivent de droite à gauche sont bien gérées par Scribus bien qu’il subsiste parfois certaines difficultés avec les signes diacritiques. Il vaut mieux effectuer des tests avant de se lancer dans un travail de longue haleine dans ces langues.
  • Les langues indo-aryennes possèdent des scriptes complexes et des combinaisons de glyphes qui sont un réel défi pour les programmeurs de Scribus. Ces langues, tout comme l’arabe, ne sont pas gérées par Scribus pour le moment.
  • Les langues utilisant l’alphabet cyrillique ne posent aucun souci, pas plus que les langues slaves et latines qui s’écrivent avec l’alphabet latin est-européen (y compris les glyphes additionnels du polonais et du roumain par exemple).
  • Le vietnamien (Tiếng Việt), en raison des nombreux signes diacritiques, pose quelques difficultés, mais Scribus devrait néanmoins être capable de traiter cette langue austro-asiatique qui s’écrit avec un alphabet latin adapté. La question ici en est davantage une de police que de fonctionnalité du logiciel. Encore une fois, des tests préliminaires s’avéreront utiles surtout si on se lance dans un projet d’envergure.
  • Les langues africaines qui sont transcrites utilisent l’alphabet latin adapté et ne posent pas de difficultés à Scribus. Toutefois, les maquettistes et les infographistes seront bien avisés de vérifier si la police qu’ils souhaitent utiliser est bien adaptée à la langue en question. Le défi ici consiste à conscientiser les concepteurs de polices au fait que l’avènement du format OTF permet d’ajouter des glyphes spécifiques à des polices existantes, ce qui permettrait d’offrir aux locuteurs de ces langues davantage de moyens graphiques.

Dans le cas des langues non gérées par Scribus il existe un moyen de contourner le problème en ayant recours à un traitement de texte qui les gère et d’exporter des PDF ou des fichiers images des textes en question. C’est une méthode qui a bien sûr ses limites, mais elle peut sauver la mise dans certaines situations, voire s’avérer la seule solution.

Il arrive aussi qu’un même document, un livre par exemple, soit édité en plusieurs langues (ici les langues ne cohabitent pas sur une même page, mais plutôt elles font partie de deux documents distincts, un étant la traduction de l’autre). Deux possibilités s’offrent alors, selon la chaîne éditiorale en place et selon le design graphique du livre en question. Soit on reprend le fichier de l’original et on remplace le texte de la langue A par le texte de la langue B. Soit on a déjà prévu le coup au point de départ et tout le texte a été mis sur un calque spécifique nommé Langue A. On n’a alors qu’à dupliquer ce calque où tout est en position et vider les cadres de texte de leur contenu pour le remplacer par la langue B. Au moment de produire les PDF, on imprimera que les calques nécessaires à la production de telle ou telle langue.

Notons enfin que l’interface de Sribus est traduite en plus de 40 langues et que ce nombre ne cesse d’augmenter.

Quelques langues africaines gérées par Scribus

  • Haoussa
  • Fulfulde
  • Zarma
  • Tamajaq
  • Kanuri
  • Gurmantchema
  • Tubu
  • etc.

Quelques langues indo-européennes gérées par Scribus

  • Français
  • Anglais
  • Allemand
  • Espagnol
  • Italien
  • Polonais
  • Russe
  • Roumain
  • etc.

Les folios automatiques

Scribus peut insérer les numéros des pages automatiquement dans les pages. Pour cela, il faut passer par les Gabarits [ Édition > Gabarits... ]. Insérez un cadre de texte et positionnez-le là où vous le voulez. Sélectionnez l’outil d’édition du contenu (l’icône est un A majuscule suivi d’un curseur) puis allez dans le menu [ Insérer > Caractère > Numéro de page ]. Choisissez la police et le corps de caractère, la couleur et tout autre réglage de votre choix, insérez le texte que vous voulez, par exemple la date ou le nom de la publication, etc. Le cas échéant, dupliquez le Gabarit et modifiez-le en fonction de vos besoins — pages de droites, pages de gauches, par exemple. Refermez le dialogue du Gabarit. Le numéro de page apparaîtra automatiquement à l’endroit précis où vous l’aurez placé.

Les césures

Les césures, ou coupures de mots, doivent être évitées dans les ouvrages de qualité supérieure. Il est toutefois parfois impossible de s’en passer sans créer des « trous » dans la typo qui viendront briser le calme et la douceur du gris typographique. Entre ces deux écueils, il faut éviter à tout prix de perturber la lecture et donc éviter les blancs qui attireront irrésistiblement l’oeil du lecteur. À moins d’en abuser, les traits d’union des césures sont moins perturbants pour la lecture que les lézardes et les trous. Les césures s’imposent donc dans la majorité des publications.

Dans Scribus, il faut d’abord aller dans le dialogue des Préférences pour dicter au programme comment effectuer les césures. Les cases Suggestions de césure et Insère automatiquement les césures en cours de saisie doivent impérativement demeurées décochées sous peine de voir sans cesse apparaître un dialogue interpellant l’utilisateur au moindre mot, ce qui est fort ennuyeux. Par contre, les trois autres champs doivent être renseignés selon les besoins : la Langue de césure, le Mot le plus court pouvant être coupé et le Nombre de césures consécutives autorisées.

La langue de césure est un réglage qui se passe de commentaire. Les deux autres réglages ont une influence non négligeable sur la qualité du gris typographique. Le Mot le plus court doit être réglé en fonction de la largeur de la colonne et du corps du caractère. Plus la colonne est étroite et plus le corps est gros plus on devra insérer des césures. Il faut donc permettre à Scribus de s’exécuter et lui donner les moyens de le faire. Le Mot le plus court dans un tel contexte sera peut-être de cinq ou six lettres. À l’inverse, une colonne plus large et encore plus si le corps est petit, permettant à un grand nombre de signes d’occuper une ligne, on restreindra la marge de manoeuvre du logiciel en lui imposant un Mot le plus court de sept, huit, voire 10 lettres. Le Nombre de césures consécutives autorisées dit bien ce qu’il veut dire et encore une fois il s’agit de donner à Scribus une marge de manoeuvre suffisante dans un contexte donné. On le voit, ces paramètres doivent faire l’objet d’une attention au cas par cas.

Il est bon de savoir une autre chose au sujet de ces paramètres. Scribus ne permet pas d’inclure au sein des feuilles de styles les paramètres de césure. Ainsi, il peut sembler impossible à priori d’appliquer au sein d’un même document des règles de césures différentes. Or il est possible de le faire, mais cela est un peu exigeant. Une fois les césures appliquées, les changements dans les Préférences n’affecteront pas les cadres de textes où les césures ont été appliquées. On peut donc appliquer différentes règles en fonction de contextes différents dans un même document. La difficulté est que si jamais il survient un changement dans le texte qui oblige à Défaire les césures, il faudra reprendre la procédure en s’assurant d’abord d’avoir les bons réglages. Un tantinet laborieux, mais en gros les césures fonctionnent très bien dans Scribus. On peut même, dans les Préférences, introduire des exceptions si jamais les césures proposées par le logiciel ne nous satisfont pas.

Une fois les règles établies, on effectue les césures (ou on les retire) en allant simplement au menu [ Extra > Effectuer les césures ].

Les veuves et les orphelines

Tard dans la production, au moins une fois la première épreuve passée et contrôlée et la majorité des corrections au texte et à la mise en page apportés, on pourra s’attaquer à régler le cas des veuves et des orphelines, ces lignes seules en pied (orpheline) ou en tête (veuve) de page ou de colonne.

Veuve_et_orpheline.png

Pourquoi attendre à cette étape tardive ? Simplement parce que la moindre modification dans le texte peut raccourcir une ligne au point de faire remonter tout le texte ou à l’inverse le rallonger et ainsi ajouter une ligne, ou plus qui affectera toutes les pages suivantes. Dans tous les cas, un changement aussi mineur pourra avoir des répercussions majeures dans votre mise en page. Bref, il est urgent d’attendre !

Scribus ne permet pas de gérer automatiquement les veuves et les orphelines. Par contre, il a tout ce qu’il faut pour les éliminer. Que faire ? Il existe plusieurs façons de régler ces petits désagréments.

Selon le type de publication, on aura recours à des moyens plus forts ou plus doux pour faire entrer la ligne récalcitrante ou la pousser sur la page suivante. Si la publication est un périodique qui a une durée de vie relativement courte, on se permettra des choses qui passeraient pour inacceptables dans le cas d’un livre ou d’une publication destinée à durer dans le temps. Voici les possibilités qui s’offrent à vous :

  • La première chose à faire est de vous assurer que le texte a déjà subi un traitement typographique de qualité et que les césures sont bien paramétrées. S’il y a des lézardes (des blancs entre les mots qui se superposent d’une ligne à l’autre et qui créent une large trouée blanche dans le gris typographique), il faut d’abord agir sur la typo en général avant d’aborder la question des veuves et des orphelines.
  • Ensuite, il faut examiner le texte en amont et en aval et déterminer laquelle des deux options suivantes aura le moins de répercussions : soit resserrer le texte, soit l’aérer. Dans tous les cas on tâchera d’utiliser les réglages qui maintiendront le gris typographique. Il ne sert à rien de régler un problème en en créant un autre. Dans la Palette des propriétés, sous l’onglet Texte, allez dans les Fonctions évoluées et ajustez les paramètres Intermots et Échelle horizontale des glyphes. Agissez sur un paragraphe ou sur plusieurs. Choisissez le paragraphe qui finit par la ligne la plus courte. Le problème n’est jamais autre chose qu’une ligne en trop ou en moins. La dernière ligne des paragraphes est souvent plus courte que toutes les autres. Elle est parfois très courte. Il faut profiter de cette situation.
  • Si cette solution ne produit pas l’effet escompté, alors il y a lieu d’agir avec parcimonie et modération sur les caractères : toujours dans Fonctions évoluées, allez sur le champ Mise à l’échelle de la largeur des caractères. Resserrer ne serait-ce que de 1 ou 2 %. À l’échelle d’un paragraphe, même un tout petit pour cent aura un effet certain. Personne n’y verra rien et le tour sera joué.
  • Si on ne souhaite pas aller aussi loin que jouer sur la mise à l’échelle des caractères, on pourra, dans le cas d’une orpheline, la pousser en tête de la page suivante. L’apparition d’un blanc en pied de page est un compromis qui pourrait être jugé acceptable et passera en général inaperçu. Insérez un retour de paragraphe ou un saut de page devant l’orpheline.
  • Ne touchez pas à l’interlignage sauf en cas d’absolue nécessité. Les journaux ont parfois recours à cette solution. Si cela peut toujours être acceptable dans le cas d’un quotidien, c’est du plus mauvais effet dans un livre. Dans tous les cas on doit alors décocher l’option Aligner le texte sur la grille dans le dialogue [ Edition > Styles ].
  • Réécrire une portion du texte. Ceci peut s’avérer un bon moyen si toutefois l’auteur souhaite coopérer. Il suffit encore une fois de remplacer un mot long par un mot court ou l’inverse. La modification au texte pourra n’être que mineure.
  • Ajouter des éléments graphiques et avoir recours à l’habillage d’une illustration, voire d’une citation ou d’un encadré.
  • Une autre possibilité serait de voir s’il est possible de disposer un intertitre sur deux lignes plutôt qu’une seule pour occuper plus d’espace et ainsi pousser l’orpheline sur la page suivante. À l’inverse, on pourra tenter de faire tenir sur une ligne plutôt que deux un intertitre, ce qui permettrait de mettre la veuve sur la page précédente.
  • Finalement, on peut jouer sur les blancs. Peut-être sera-t-il possible de resserrer ou au contraire d’augmenter la valeur des blancs (aux intertitres notamment) de la valeur d’un interligne en agissant sur les paramètres Espace avant et Espace après le paragraphe dans le dialogue Edition > Styles. Le total de ces deux valeurs doit égaler la valeur d’interlignage.

Le texte dans un cadre à forme irrégulière

Votre créativité n’est jamais en reste avec Scribus. La typo pourra prendre toutes les formes et ne sera pas restreinte aux seules formes rectangulaires. On le verra aussi dans le chapitre Habillage et typographie. Mais avant de tourner la page, prenez le temps de considérer ce qui suit. Vous verrez que toutes les portes sont ouvertes et que Scribus a plus d’un tour dans son sac ! En effet, il est possible de créer des formes géométriques et de les convertir ensuite en cadre de texte. Il faut d’abord créer la forme géométrique à l’aide de l’un des deux outils Insérer une forme ou Insérer un polygone. Ensuite, allez au menu Objet > Convertir en... > Cadre de texte Importer ensuite un texte dans un cercle, un triangle, un pentagone, ou dans toute autre forme, incluant des glyphes (pour cela il faut taper une lettre dans un cadre de texte et l’agrandir à la taille désirée puis la convertir en contour par le même menu. Une fois convertie en contour, on doit sélectionner ce contour pour le convertir en cadre de texte) et en fait toute forme fermée, se fait en un tournemain. Pour le meilleur effet, il convient d’adapter le corps du texte, la police et l’interlignage pour que le texte puisse épouser la forme en question. Voici quelques exemples de cet effet qui peut, on le devine, être décliné à l’infini.

texte_dans_une_lettre.png

Exemple de texte dans une lettre. Ici un C en Liberation Sans Gras.

 texte_dans_un_cercle.png

Exemple de texte dans un cercle. Pour un meilleur effet, on pourra modifier la couleur du filet de contour et la mettre à Aucune dans la Palette des propriétés > Couleurs > Icône Pinceau (Modifier la couleur des filets).

Texte sur un tracé

Pour finir ce tour d’horizon des capacités typographiques de Scribus, un petit effet aux variations infinies. Scribus permet de mettre une ligne de texte sur un tracé. Créez un cadre de texte et tapez quelques mots. Avec l’outil Insérer une courbe de Bézier tracez un long zigzag. (Cette manipulation suppose que vous êtes familier avec les courbes de Bézier — voir le Glossaire pour plus d’information). Avec l’outil de Sélection d’objet (icône Flèche) sélectionnez le cadre de texte et le zigzag puis allez au menu [ Objet > Joindre le texte au tracé ]. Le résultat est instantané. C’est aussi simple que ça !

Texte_sur_un_trace.png 

On peut par la suite modifier le texte et la courbe en allant au menu [ Objet > Détacher le texte du tracé ]. On pourra alors agir sur l’un et l’autre. Pour ce qui est du texte, il s’agit d’une simple modification, soit directement dans le cadre de texte, soit dans l’Éditeur de texte. Pour modifier la courbe, il faut d’abord la sélectionner puis aller dans la Palette des propriétés > Onglet Formes > Bouton Modifier. Le dialogue qui apparaît permet de modifier la courbe à volonté.

Modifier_forme.png

Cliquer sur bouton [ Modifier ] pour faire apparaître le dialogue suivant :

Dialogue_modifier_forme.png

Vous pouvez maintenant éditer votre courbe soit directement sur le canevas, soit en ajoutant des points d’ancrage à partir de cette boîte-dialogue. Une fois votre manipulation terminée, cliquez sur [ Terminer ]

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